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Guerre en Ukraine : un banc d'essai pour les armements les plus modernes

La guerre en Ukraine est aussi un banc d'essai grandeur nature pour les armements les plus modernes et la disparition du vaisseau amiral de la flotte russe en mer Noire, le croiseur Moskva, probablement touché par un tir de missile antinavire ukrainien est là pour rappeler que Kiev dispose aussi d'une industrie d'armement performante.

Article rédigé par Eric Biegala
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le croiseur Moskva, navire amiral de la marine russe, amarré dans la baie de la ville de Sébastopol en Crimée, le 30 mars 2014. (SERGEI ILNITSKY / MAXPPP)

Selon Kiev, le Moskva a été touché par au moins un tir de missile Neptune, les Ukrainiens en ayant lancé deux, ainsi qu'un drone chargé de faire diversion contre le navire amiral russe. Le missile antinavire Neptune est le dernier-né du bureau d'étude Luch de Kiev. Comme beaucoup d'armements ukrainiens, ce missile est une adaptation contemporaine d'un missile de défense côtière soviétique le KH35 dont la portée a été considérablement améliorée (300 km au lieu de 130) tout comme son électronique embarquée, notamment son radar d'acquisition. Déployé dans les unités ukrainiennes de défense côtière il y a moins d'un an, ce vecteur – s'il se confirme que c'est bien lui qui est responsable de la perte du Moskva – vient de prouver son efficacité : c'est le premier croiseur coulé par un tel missile depuis 40 ans et la guerre des Malouines.

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Les Ukrainiens ont par ailleurs fait montre d'une belle inventivité en lançant dans la bataille Aerorozvidka. À l'origine, une association de "geeks" qui faisait voler des drones commerciaux ; aujourd'hui une unité à part entière de l'armée ukrainienne, opérant des drones civils modifiés, équipés de systèmes de conduites cryptés, hors de portées des systèmes de repérage russes et susceptibles de faire aussi bien de l'observation, du guidage d'artillerie et même de larguer quelques bombes légères. Aerorozvidka a fait un malheur dans les colonnes de blindés russes qui progressaient sur Kiev début mars.

Côté russe, on a aussi déployé pour la première fois des armements de pointe. Notamment l'une des armes dite "hypersoniques" qui faisait la fierté de Vladimir Poutine lors de leur première présentation il y a trois ans. Un missile hypersonique Kinjal a en effet été tiré mi-mars sur une usine d'armement ukrainien dans l'ouest du pays. Le Kinjal est un missile dit "aéro-ballistique" : il peut opérer aussi bien dans l'atmosphère qu'en empruntant une orbite basse. Avec une portée de près de 2000 Km, il est à la fois très rapide (+ de 5000 km/ h) et très manœuvrant, du moins dans ses phases de vol atmosphérique, ce qui en fait une arme très difficile voire impossible à intercepter.

L'armée de Moscou a également lancé dans la bataille le dernier cri de ses unités de guerre électronique ou de commandement et de contrôle intégrés comme le Barnaul T, capable de suivre et de diriger le tir sur plus d'une centaine de cibles à la fois. Moscou a également dépêché en Ukraine plusieurs unités Krasukha 4 : il s'agit de postes mobiles de guerre électronique capables de masquer les signatures radar des avions russes ou de brouiller les émissions radar de l' ennemi, et en particulier de gêner voire d'empêcher toute surveillance du théâtre par les AWACS de l'OTAN.

Malheureusement pour la partie russe, au moins deux Barnaul-T au complet et la moitié d'une unité Krasukha 4 ont été capturé ou récupéré par les Ukrainiens. Une véritable "mine d'or" pour les services de renseignement occidentaux qui vont se faire un plaisir d'ausculter en détail ces "fines fleurs" de la technologie militaire russe.

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