L’État islamique au Khorassan : la nouvelle puissance terroriste et ses multiples cibles
Le Khorassan est un pays qui n’existe plus depuis le Moyen Âge. C'est une zone située aux frontières de l’Afghanistan, du Turkménistan et du Tadjikistan et c'est la région d’origine du groupe terroriste État islamique au Khorassan, l’État islamique-K, ou encore EI-K. L’organe de propagande de l’EI-K ne cache absolument pas ses intentions. Après la Russie et l'attentat de Moscou vendredi 22 mars, ce sera l’Inde, la Chine, l’Europe et les États-Unis bien sûr. Toutes les grandes puissances ont été prévenues, leur territoire sera ciblé par les jihadistes du Khorassan. Plusieurs attentats ont d’ailleurs été déjoués en Allemagne, en France, en Belgique et en Espagne. Cette branche violente de l’État islamique se montre très active et déterminée à frapper les pays censés être les mieux armés.
L’attentat de Moscou n’est d’ailleurs pas le premier fait d’armes de l’EI-K. Le plus récent date de janvier en Iran, il s'agit du double attentat suicide lors de la cérémonie funèbre en hommage à Qassem Soleimani l’ancien commandant des Gardiens de la Révolution. D’ailleurs, cet attentat dévoile une partie de la stratégie de ce groupe terroriste afghan. "On a observé ces dernières années que le rayon d’action de l’EI-K s’élargissait progressivement. Il y a d’abord eu des attaques locales dans des provinces d’Afghanistan et du Pakistan, puis un développement des capacités à l’international en ciblant des États de la région comme l’Iran, la Turquie et bien sûr cette récente attaque en Russie. Ils vont continuer sur cette dynamique. Ce ne sera pas une surprise si, dans les six prochains mois, ils tentent à nouveau quelque chose, malheureusement", expliquait mercredi Aaron Zelin, expert en terrorisme à l’Institut de Washington, à la chaîne allemande Deutsche Welle.
Ukraine, Gaza... les conflits actuels sont favorables à l’EI-K
Ce que l’on note aussi, c’est que l’EI-K brouille les pistes et s’appuie sur une sorte de saturation des menaces au niveau international, selon les conclusions qui ressortent de plusieurs analyses sur les failles de sécurité russes. Après l’attentat de Moscou vendredi 22 mars, le centre de recherche de l’opposant russe Mikhail Khodorkovski affirme par exemple que des notes de renseignements ont été transmises au plus haut niveau de l’État et que ces rapports évoquent une "probabilité accrue d’attaque terroriste" sur le territoire russe par des éléments tadjiks radicalisés. Les renseignements américains ont d’ailleurs affirmé avoir alerté Moscou. Mais le Kremlin ne fait confiance qu’à lui-même et son attention est ailleurs. Le pouvoir russe est tout simplement trop accaparé par la répression politique sur son territoire et bien sûr par le conflit en Ukraine et son combat contre l’Occident.
Les tensions entre la Chine et les États-Unis dans le Pacifique, l’Ukraine, la bande de Gaza, tous ces conflits impliquent l’ensemble des puissances militaires de la planète. Dans tous ces pays, les services de renseignements, de sécurité, les états-majors, tout le monde est concentré sur un risque d’affrontement à grande échelle. C’est l’inverse du mode opératoire des groupes terroristes qui agissent grâce à des réseaux plus confidentiels, infiltrés dans les populations, en dehors du cadre militaire, et lorsque l’attention se détourne vers d’autres menaces, les jihadistes en profitent pour identifier les zones de faiblesse.
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