L'influence du président mexicain, Andrés Manuel López Obrador, sur les élections américaines
Le Mexique est le voisin incontournable dans la gestion des flux migratoires en direction des États-Unis. Donald Trump et Joe Biden sont aux antipodes l’un de l’autre sur cette question. L’immigration est au centre de la campagne présidentielle américaine. Et Andrés Manuel López Obrador, dit "AMLO", le président mexicain, a surtout de nombreuses cartes en main pour calmer ou au contraire enflammer ce débat sur l’immigration aux États-Unis.
Côté mexicain, 800 000 migrants patientent actuellement dans des centres de détention, en espérant pouvoir franchir la frontière. Depuis 2018, le Mexique a été chargé de faire le ménage. Washington a délégué à Mexico une partie de sa politique migratoire, comme le renvoi des populations vers l’Amérique centrale ou la mise en attente des demandeurs d’asile. Ce qui signifie qu'AMLO contrôle le robinet migratoire. Il sera donc en mesure, jusqu’en novembre, de favoriser le candidat de son choix.
Des signaux envoyés à Joe Biden
Depuis le début de l’année, AMLO a envoyé des signaux très clairs à Joe Biden, avec l'intensification de la répression côté mexicain et l'installation de points de contrôle sur les routes remontant vers le nord. Fin 2023, AMLO a aussi dénoncé l’instrumentalisation du sujet par le Congrès américain, lorsque celui-ci a rejeté, sur ordre de Trump, la réforme migratoire de Joe Biden.
AMLO fait passer des messages même si, officiellement, il garde ses distances. "Ils comptent utiliser, ce que nous ne permettrons pas, le thème migratoire et d’autres sujets pour diviser l’électorat. Mais le Mexique n’est la piñata de personne", a-t-il déclaré le 7 février dernier lors d'une conférence de presse. La piñata c’est ce petit jouet d’anniversaire mexicain, sur lequel les enfants tapent avec un bâton. Dans le langage d’AMLO, le Mexique n’est la marionnette de personne. C'est la posture officielle, indépendante d’un chef d’État. Mais en réalité, AMLO préfère largement travailler avec les démocrates qu’avec les républicains, ou plutôt les "Make America Great Again" de Trump, sur la question migratoire.
Une année d'élection présidentielle au Mexique
D’autant qu’il a déjà travaillé avec les deux futurs candidats à l’élection américaine et qu’il a toujours critiqué l’approche coercitive de Donald Trump sur la question : le mur, la séparation des familles, la réduction des visas temporaires pour les travailleurs mexicains. L’entente avec Joe Biden est beaucoup plus constructive avec par exemple l’accord de mars 2021. Celui-ci stipule un contrôle resserré des flux migratoires, en échange de 2,7 millions vaccins anti-Covid et d’un renfort de troupes américaines pour calmer les cartels.
Or, la sécurité intérieure mexicaine, la souveraineté de l’État menacée par les narcotrafiquants, c’est le gros enjeu pour Lopes Obrador, 2024 est aussi une année d’élection au Mexique. Et le poids politique acquis par AMLO à Washington est un atout précieux dans la campagne de Claudia Scheinbaum, l'héritière désignée de Lopes Obrador pour la présidentielle de fin d’année.
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