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La Chine augmente encore sa production de charbon, une mauvaise nouvelle pour le climat

C'est une nouvelle inquiétante dans la lutte contre le réchauffement climatique : Pékin a annoncé mercredi qu'elle comptait accroître à nouveau sa production de charbon en 2022, alors qu'elle atteint déjà des niveaux records.

Article rédigé par franceinfo
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Un ouvrier trie du charbon près d'une mine à Datong (Chineà, le 2 novembre 2021.  (NOEL CELIS / AFP)

La Chine va produire plus de charbon en 2022. L'annonce a été faite par Pékin mercredi 20 avril via la presse officielle chinoise à l’issue d’une réunion présidée par le Premier ministre Li Keqiang. Au total, elle produira 300 millions de tonnes supplémentaires pour l’année en cours, ce qui est énorme car c’est une hausse de 8% par rapport à l’année dernière, où 4 milliards de tonnes de charbon avaient été produites, ce qui constituait déjà un record historique.

Cette augmentation va passer d’abord par une hausse de la production dans les mines existantes. En mars, les niveaux d’extraction ont d'ailleurs été sans précédent. Cela se fera aussi par l’ouverture de nouvelles mines, en particulier dans la zone d’Ordos, en Mongolie intérieure, au nord du pays : les réserves y sont estimées à 2 milliards de tonnes.

La Chine, avec 1,4 milliard d’habitants, est désormais - et de loin - le premier producteur mondial de charbon avec 50% de la production mondiale. Son mix énergétique dépend à 60% de cette énergie fossile. Par effet mécanique, Pékin est donc aussi le premier pollueur mondial. Ces annonces confirment que la situation va se dégrader dans les années à venir.  

La croissance avant le climat

L’objectif économique à très court terme continue de passer avant les engagements climatiques. Le pouvoir chinois dit vouloir "maintenir une vie normale", autrement dit poursuivre le développement économique du pays dans une logique de croissance et d’essor de la consommation interne. Il lui faut donc rapidement de l’électricité et l’extraction du charbon est la méthode la plus rapide.

Pékin veut aussi réduire ses importations et ainsi accroître son autonomie énergétique même si, ces dernières semaines, elle a fortement augmenté ses importations de charbon russe pour aider Moscou qui voit ses débouchés restreints par les sanctions occidentales. À moyen terme, l’objectif de Pékin reste cependant l’autonomie. La Chine doit donc produire plus sur le sol national et le plus rapide reste - là encore - le charbon.  

Champion du charbon... et des renouvelables

Tout cela paraît contradictoire alors que la Chine avait fait des annonces spectaculaires à l’automne dernier dans la lutte contre le réchauffement climatique. Le pays s’est engagé à atteindre son pic d’émissions en 2030 pour atteindre la neutralité carbone en 2060 et développe d’énormes programmes alternatifs aux énergies fossiles. La construction de trois nouvelles centrales nucléaires a été annoncée jeudi. Concernant les énergies renouvelables, la Chine est partie de zéro il y a 15 ans et elle est déjà devenue le premier investisseur mondial sur l’éolien et le solaire. Elle a notamment un projet emblématique : produire, dans le désert de Gobi, 455 gigawatts d'ici 2030. C’est presque le double de la production totale des États-Unis.

Pékin s’est aussi engagé à cesser de financer des centrales à charbon à l’étranger. Mais il y a un sérieux doute, notamment sur les projets en Indonésie. La Chine représente donc à la fois l’essor du pire (le charbon) et du meilleur (les renouvelables). À court terme, ce sera cependant surtout le pire et c’est incompatible avec les préconisations des scientifiques du Giec, si l’on veut limiter l’augmentation des températures dans les trois ans à venir, avant des conséquences irréversibles.    

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