La Corée du Nord effectue un nouveau tir de missile hypersonique
Le régime dictatorial et communiste de Pyong Yang a confirmé ce matin avoir effectué un nouveau de tir de missile ce 5 décembre. Dès ce début d'année, le président Kim Jong-un veut que l’attention internationale se porte à nouveau sur lui.
"Rocket Man", comme l’avait surnommé Donald Trump, n’a pas perdu de temps : un premier tir dès le 5e jour de l’année. Ce 6 décembre au matin, les autorités nord-coréennes ont donné des détails sur cette opération, qui vient confirmer les progrès du programme militaire du régime de Pyong Yang.
Dans ce pays de 25 millions d’habitants totalement fermé, s’il y a bien une chose que ni la pandémie, ni la crise économique ou les pénuries alimentaires ne viennent perturber, c’est le programme militaire. En l’occurrence, le régime affirme qu’il s’agissait d’un essai de tir de missile hypersonique. Il s'agit d’une nouvelle génération de missiles, plus rapide (jusqu’à cinq fois la vitesse du son) et donc très difficiles à détecter pour les systèmes de défense. Ils peuvent transporter des ogives nucléaires comme des ogives conventionnelles.
Si l’on en croit la Corée du Nord, le tir a été couronné de succès : il a atteint sa cible, avec précision, à 700 km de distance. Et il a permis de tester un nouveau système d’allumage et une technique de déplacement latéral du missile. C’est le 2e essai de ce genre, après un tir, à l’automne dernier, d’un missile baptisé Hwasong 8. Mais le modèle envoyé hier semble légèrement différent, si l’on en croit les images diffusées par la Corée du Nord : la forme de la fusée y apparaît plus conique, moins triangulaire à son extrémité.
Une interférence dans la campagne électorale en Corée du Sud
Question : est-ce le début d’une nouvelle escalade ou une simple gesticulation ? C’est toujours difficile à interpréter avec le régime nord-coréen. Mais on peut y voir un avertissement adressé en particulier au voisin, la Corée du Sud, parce que le contexte politique s’y prête. La Corée du Sud s’apprête à voter, le 9 mars, dans 2 mois. Elections législatives et duel annoncé entre le parti libéral de centre gauche, celui de l’actuel président Moon, et le parti conservateur de droite.
Le premier est plutôt favorable à la reprise des négociations avec le voisin nord-coréen. Le second est sur une position plus dure. En face, le dictateur nord-coréen Kim Jong-un, qui vient de fêter ses dix ans au pouvoir (et il n’a que 37 ans) envoie donc un message avec ce missile : mon programme militaire avance, vous feriez mieux de négocier. Ce missile, c’est donc aussi une façon d’interférer dans la campagne électorale du voisin.
Pas de vague pendant les Jeux olympiques d'hiver à Pékin
Cela dit, sur ce dossier, rien ne bougera sans la Chine, le grand parrain politique et le partenaire commercial quasi-exclusif de la Corée du Nord. Pékin n’a pas commenté ce nouveau tir de missile, une façon de donner son feu vert. Mais le plus probable, c’est que Pékin mette son véto à un autre tir dans les semaines qui viennent, en raison des Jeux olympiques d’hiver à Pékin en février : la Chine ne veut pas d’une déstabilisation à ce moment-là. Et puis le régime chinois a nommé ces derniers mois un diplomate expérimenté pour s’occuper du dossier nord-coréen, Liu Xiaoming. Ça laisse penser que Pékin privilégie la diplomatie.
Il n'en reste pas moins que la menace d’un engrenage militaire demeure. Une fois les Jeux olympiques passés, une fois l’élection en Corée du Sud passée, donc mi-mars, là on entrera à nouveau dans une période à haut risque.
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