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La petite Moldavie redoute une déstabilisation russe

Alors que la guerre en Ukraine va bientôt entrer dans sa deuxième année, l’hypothèse d’une nouvelle offensive russe semble probable. Et l’inquiétude est très forte chez un voisin de l’Ukraine, la petite Moldavie au Sud.  

Article rédigé par franceinfo
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Lors d'une conférence de presse, lundi 13 février, a présidente de la Moldavie Maia Sandu accuse Moscou de fomenter un coup d'Etat contre son pays. Photo d'illustration. (YOAN VALAT / POOL / AFP)

Dernier indice de cette inquiétude : la fermeture mardi 14 février de l’espace aérien moldave, pendant un peu près de 4 heures. Plusieurs vols à destination de Paris, Lisbonne, Istanbul, ont été décalés ou annulés. La compagnie Air Moldova n’a pas donné d’explications, mais il y a sans doute un lien avec la détection de drones et d’appareils d’observation russes, entre la Biélorussie et la Moldavie, au-dessus de l’Ukraine. Ce 14 février au matin Moscou a démenti "tout plan de déstabilisation de la Moldavie", et dénonce une "désinformation", mais cette petite république de 33.000 km2 et de 2,5 millions d’habitants, n’est pas du tout rassurée. Vendredi 10 février, elle a été survolée par un missile russe, c’est la deuxième fois : un incident similaire s’était déjà produit au mois d’octobre. La Moldavie se sait militairement fragile. Elle ne compte que 5000 soldats d’active et une douzaine d’hélicoptères. Et surtout elle possède en son sein une région sécessionniste pro-russe, la Transnistrie, où stationnent 1500 soldats de Moscou et où sont stockés 20.000 tonnes de munitions, selon les évaluations de la présidente moldave pro-européenne Maia Sandu. Il faut aussi mesurer combien ce territoire est petit et les distances très courtes : 15 minutes en voiture seulement entre Chisinau, la capitale et cette zone sécessionniste de la Transnistrie. La présence en Roumanie voisine, des forces de l’Otan, françaises en particulier, ne suffit pas à supprime les risques.

La crainte d'un plan de déstabilisation russe

Ce que craint la Moldavie, ce n’est pas seulement une déstabilisation militaire: c’est encore plus une déstabilisation économique et politique, une incarnation de la "guerre hybride". Le pays vit dans la précarité énergétique. Avant la guerre, la Moldavie dépendait intégralement du gaz russe pour se chauffer. Depuis, la Russie a diminué ses livraisons de plus de 50% et augmenté ses tarifs de 700%. Les coupures d’électricité sont fréquentes. L’inflation atteint les 30%. Donc le risque de grogne sociale est fort, d’autant que la Moldavie est infiltrée par de multiples réseaux pro-russes. Lundi 13 février, Maia Sandu est apparue très préoccupée. Elle dit avoir connaissance d’un plan russe qui prévoit "des prises d’otages et des attaques d’édifices étatiques". Le soupçon vise en particulier les oligarques comme Ilan Sor, très liés au Kremlin. Maia Sandu est également confrontée une crise de gouvernement. Après la démission de sa Première ministre Natalia Gavrilita, elle vient de nommer un nouveau chef de gouvernement, Dorin Recean.  

La volonté de fer de la présidente Maia Sandu

Maia Sandu est un personnage impressionnant. Lors d'une rencontre il y a deux mois à Paris, elle nous est apparue fascinante. Sa détermination absolue est inversement proportionnelle à sa petite taille. Agée de 50 ans, elle se bat avec une volonté impressionnante, d’abord pour réformer le pays et éradiquer la corruption endémique, sa priorité absolue. Elle compte évidemment sur le soutien de l’Union européenne. Depuis l’été dernier, la Moldavie est engagée dans le même processus d’adhésion que l’Ukraine. Elle doit accueillir en juin prochain un sommet de la CPE, la communauté politique européenne, cette Europe élargie initiée par la France. "Nous avons besoin de l’Europe", martèle Maia Sandu, et elle ajoute : "Et moi j’ai besoin d’un peu de chance."    

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