Le Maroc va généraliser l'enseignement de la langue berbère dans toutes les écoles
Actuellement au Maroc, la langue amazighe, c'est-à-dire le berbère, est enseignée à seulement 330 000 petits écoliers. La décision qui vient d'être prise par les autorités marocaines généralise progressivement l’enseignement du berbère d’ici à 2030.
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C'est une revendication ancienne des militants de la cause amazighe. Le berbère a été reconnu seulement en 2011 comme langue nationale au côté de l’arabe. Il y a quatre ans, son usage a été officialisé dans l’administration marocaine et l’enseignement public et privé. Sur les bâtiments publics, l’écriture berbère et son alphabet, bien que ce soit avant tout une langue de tradition orale, apparaissent, en plus de l'arabe et du français.
L’Inalco, l’institut national des langues et civilisations orientales, basé à Paris, rappelle que le berbère peut être considéré comme la langue autochtone du nord de l’Afrique. L'écrasante majorité des Berbères vit au Maroc. Les berbérophones représentent 40 à 45% de la population contre 25 à 30% en Algérie. On en trouve aussi au Niger, au Mali, Burkina Faso jusqu’en Égypte. Avec cette décision, la langue berbère s'affirme et elle devient plus visible.
Vers la reconnaissance de l’identité Berbère ?
Au Maroc, les Berbères étaient présents avant l’arabisation et l’islamisation. Leurs revendications vont plus loin encore. Ils visent une reconnaissance plus large de leur identité et de leur culture. Au début du mois, le roi Mohammed 6 a fait un geste supplémentaire en décrétant que le nouvel an amazigh serait, un jour, férié, chaque année, le 13 janvier. Une connaissance suffisante de la langue berbère est devenue aussi une condition pour obtenir la nationalité marocaine. Le drapeau berbère que les Marocains aiment fièrement brandir dans le rif, dans le nord du Maroc, a été sorti dans les stades lors du Mondial de football au Qatar fin 2022, quand l'équipe marocaine s'est qualifiée, un parcours historique qui les a menés jusqu'en demi-finales.
Signe que la cause avance sur ce long chemin de la reconnaissance, un budget de 27 millions d'euros est dédié en 2023 à l'officialisation de la langue berbère qui pour le moment n’a que le statut de langue nationale. Les Berbères voudraient que les choses avancent plus vite encore. Ils ne veulent pas se contenter d'exister aux côtés de la langue arabe. La progression de l’anglais représente aussi un danger. Les Berbères espèrent que les promesses du royaume chérifien se concrétisent enfin.
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