"Le monde n’a pas besoin d’une nouvelle crise", la France s’inquiète des conflits qui s’accumulent au large de la Chine
Face aux conflits en Ukraine et en Israël, "le monde n’a pas besoin d’une nouvelle crise", a déclaré lundi 4 décembre la cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna. Cette déclaration alarmante, voire alarmiste, a été prononcée depuis Canberra, où la ministre des Affaires étrangères est en déplacement jusqu’à mardi. Une nouvelle crise qui concerne donc l’Australie, c’est-à-dire l’un des grands rivaux de la Chine, dans cette vaste zone qu’on appelle l’Indo-Pacifique.
Une course aux armements
Cette immense zone maritime, qui englobe les océans Indien et Pacifique, est le théâtre de nombreuses rivalités. On en entend très peu parler pourtant, à cause de l'éloignement et des autres conflits plus proches qui monopolisent l'attention, en Ukraine et au Proche-Orient. Pourtant, une partie de la sécurité mondiale se joue aussi au large de la Chine. De nombreux archipels sont revendiqués à la fois par Pékin et les pays voisins. Tout cela donne lieu à des conflits de territoires, avec de nombreuses démonstrations de force maritime. Ce week-end encore, plus de 130 bateaux chinois se sont massés près d’une île revendiquée par les Philippines. Une démonstration de force qui fait suite à l’annonce, vendredi 1er décembre, de la construction d’une base militaire philippine sur l’île de Thitu. Il y a un mois, des navires des deux pays s’étaient même accrochés près d'un atoll, dans une zone qui regorge de ressources en poisson, mais aussi potentiellement de réserves d’hydrocarbures.
Cette mer de Chine méridionale est aussi un très précieux poste d’observation sur près de la moitié du commerce maritime mondial. D’où une forme de course aux armements. La Chine intensifie les patrouilles de garde-côtes. En face, les Philippines, alliées à l’Australie et au Japon, multiplie les exercices militaires conjoints. De son côté, la Chine met la main sur des récifs, de simples bouts de rochers en mer, qu’elle transforme ensuite en île artificielle. Même si elles sont situées bien plus près des terres philippines, Pékin avance un droit historique sur ces îles, que ses pêcheurs ont toujours fréquentées. La revendication a néanmoins été invalidée en 2016 par un tribunal international.
La grande crainte de Taïwan
Mais la Chine continue d’avancer ses pions, sans doute persuadée que les Occidentaux ont le regard tourné ailleurs. C’est d'ailleurs la grande crainte de Taïwan. L’île menacée par Pékin redoute que son sort passe au second plan auprès des diplomates européens et américains, trop occupés par la situation en Ukraine et à Gaza. Un ministre taïwanais l’affirme dans le journal Le Figaro : "Si la Chine pense que nous sommes isolés, alors elle sera tentée d’agir vite". Il craint que la Chine décide de planifier une invasion de Taïwan, une île stratégique, qui fournit une grande partie des puces de nos ordinateurs et nos téléphones.
Nous n’en sommes pas là. Mais il y a trois semaines, les présidents américain et chinois se sont rencontrés. Cette entrevue a parfois été interprétée comme un geste de détente entre les deux superpuissances. Pourtant, Xi Jinping, le dirigeant chinois, n’a pas fait mystère de ses intentions. Il juge "inévitable" que Taïwan rejoigne le giron de Pékin. Voilà pourquoi on n’a sans doute pas fini d’entendre parler de l’Indopacifique.
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