Pacifique : la Chine remporte les Fidji dans une bataille d'influence qu'elle livre contre les États-Unis
Au moment où tous les regards sont tournés vers le Proche-Orient et l’Ukraine, il est impératif de garder un œil sur l’océan Pacifique. Du nord au sud, des côtes chinoises aux côtes américaines, cette vaste région fait l’objet d’une bataille d’influence acharnée entre les États-Unis et la Chine. Le sommet de l’APEC (Asia-Pacific Economic Cooperation) s'est achevé vendredi 17 novembre et l’a très bien illustré. Ce forum économique, réunissant 21 membres, a vu le président chinois Xi Jinping sortir ses plus beaux atours pour s’attirer les faveurs des îles Fidji.
Le soft power de la Chine et ses ambitions sécuritaires
Entre les Fidji et la Chine, le rapport de force semble totalement déséquilibré. Pourtant, dans cette rencontre bilatérale, c’est bien Xi Jinping qui semblait dérouler le tapis rouge à Sitiveni Rabuka, le Premier ministre de la 160e économie mondiale. Ce dernier s'est vu proposé par Pékin un gros chèque pour développer les ports et les chantiers navals de l’archipel. Xi Jinping, au pouvoir depuis 10 ans, n’avait jamais vu le dirigeant fidjien mais s’est subitement trouvé son meilleur ami du monde : "Les Fidji sont les premières îles du Pacifique à avoir établi des relations diplomatiques avec la République populaire de Chine. La tradition diplomatique chinoise de traiter les pays d’égal à égal, qu’ils soient petits ou grands, n’a pas changé. Nous considérons les Fidji comme un bon ami et un partenaire du Sud global."
Rien n'est encore scellé, mais à en croire les deux dirigeants, ils sont très enthousiasmés à l’idée de faire affaire. Le président chinois plante donc un drapeau dans le Pacifique-Sud et le Fidjien Sitiveni Rabuka donne un coup d’accélérateur au développement de ses îles. Cependant, quelques semaines auparavant, Sitiveni Rabuka, en visite en Australie, avait affirmé qu’il préférait traiter avec des "amis traditionnels démocratiques", s’interrogeant sur les ambitions sécuritaires de la Chine dans le Pacifique-Sud. Il semble que les peuples du Pacifique font monter les enchères car ils savent qu’ils sont au cœur d’un enjeu géostratégique.
Un conflit installé entre les Philippines et la Chine
Le Pacifique est un grand échiquier pour les Chinois et les Américains. Les deux adversaires placent méthodiquement leurs pions et chaque archipel, chaque rocher devient crucial. Le Pacifique représente 30% de l’économie de la planète et 50% des exportations mondiales transitent par les routes maritimes de cet océan. S’il n’existait pas la crainte d’une escalade militaire entre les deux superpuissances, on pourrait presque s’amuser de la valse diplomatique, à laquelle s’adonnent Chinois et Américains pour séduire un maximum de pays du Pacifique.
Mais la tension est bien réelle. Pas une journée ne se passe sans qu’un incident ne soit signalé, notamment en mer de Chine méridionale. Ces eaux territoriales sont contestées et disputées par les Philippins, alliés des États-Unis, et les Chinois, qui multiplient les manœuvres d’intimidation. Ces actions parfois dangereuses poussent aujourd’hui les autres pays à faire pression, pour qu’une ligne directe de communication de crise soit mise en place entre Pékin et Washington. Ces pays espèrent de cette ligne qu'elle permette qu’un incident involontaire ne dégénère en conflit total.
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