Le Parti communiste chinois se met en ordre de marche pour conforter Xi Jinping
La Chine prépare son grand événement politique : le 20e congrès du Parti communiste, mi-octobre. Tous les délégués pour le congrès sont désormais désignés. Et tout semble devoir conduire à une concentration encore accrue des pouvoirs aux mains du président Xi Jinping.
Ils sont 2 296 délégués, soigneusement sélectionnés, dans toutes les régions du pays, par le parti aux 97 millions de membres du Parti communiste chinois. Ils vont siéger lors de ce 20e congrès, le premier depuis cinq ans, et qui débutera le dimanche 16 octobre. Le très officiel Quotidien du Peuple publie mardi 27 septembre la liste complète de ces "représentants". Un tiers d’entre eux, souligne le journal, viennent directement de la base : ce sont des ouvriers, des agriculteurs, des salariés du tertiaire. Parmi les délégués, on compte aussi 619 femmes, soit 27% du total, c’est plus que la dernière fois. Et 264 représentants des "groupes ethniques minoritaires", 11% du total. Moyenne d’âge de ces 2 297 délégués : 52 ans.
La presse officielle chinoise voit dans ces profils variés, "l’expression d’une vitalité exubérante" et le reflet d’une "sélection ouverte et transparente". Il faut le dire vite : en réalité, la sélection des délégués ne se fait évidemment qu’à l’intérieur du parti tout puissant, et fait l’objet d’une préparation minutieuse et opaque pendant des mois et des mois. Il s’agit de choisir les membres les plus loyaux, et aussi de répartir par la même occasion tout un tas de mandats locaux, 170 000 postes au total.
Une organisation pyramidale et opaque
Officiellement, ces 2 296 délégués sont donc l’incarnation du peuple, comme des grands électeurs appelés à choisir ensuite les dirigeants du parti et donc du pays. Lors du congrès, ils sont censés désigner les 200 membres du Comité central du parti, qui ensuite nommeront en leur sein les 25 membres du Bureau politique. Puis on resserre encore avec les sept membres du Comité permanent. Enfin tout en haut de cette pyramide verticale et hiérarchisée, il y a le président.
Officiellement, tout cela est démocratique et transparent. Dans les faits, les votes sont des formalités. Tout a été réglé à l’avance comme du papier à musique, en particulier pour la composition du Bureau politique et du Comité permanent, les véritables centres du pouvoir chinois. Mais rien ne transparaitra avant le congrès. On sait seulement que l'actuel Premier ministre Li Keqiang quittera son poste et que le favori pour lui succéder s’appelle Hu Chunhua. L'objectif en bout de ligne pour Xi Jinping est évidemment de renforcer encore son pouvoir personnel, peut-être même d’être nommé "leader à vie".
Des dissensions discrètes
En réalité, tout ne se passe sans doute pas comme une lettre à la Poste mais l’opacité est telle qu’on ne peut pas savoir avec certitude ce qui se passe au sein du pouvoir. Il faut lire entre les lignes pour comprendre par exemple que le soutien à Vladimir Poutine ne fait sans doute pas l’unanimité au sein du Comité central. Même chose pour la politique zéro Covid, érigée en dogme par Xi Jinping et qui conduit à une paralysie économique récurrente de plusieurs régions. Or, la légitimité du pouvoir auprès de la population repose d’abord sur le maintien de la croissance. Mais la contestation a ses limites : Xi Jinping fait régulièrement écarter des cadres, le plus souvent sous couvert de lutte contre la corruption. Il contrôle le système de façon très centralisée. On voit mal son hégémonie remise en cause.
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