Les clichés à travers le monde. Les Italiens sont-ils tous des "mammoni" ?
En ce mois d’août, franceinfo s’interroge sur les clichés que l’on associe parfois à un pays. Est-ce pertinent ? Ou, au contraire, infondé ? Aujourd’hui, direction l'Italie où il est courant de rester vivre chez ses parents au-delà de 30 ans.
En France, on les appellerait des Tanguy. Mais en Italie, ils prennent les doux noms de mammoni, les "fils à maman", ou de bamboccioni, "les gros bébés". Ce sont ces adultes, qui ne sont toujours pas partis de chez leurs parents : "Moi, j’ai 35 ans, et je vis avec ma maman. On me dit que c’est un échec… mais je n’ai pas honte ! Je m’entends d’ailleurs très bien avec ma maman", assure Marco, qui partage un petit 3 pièces avec sa mère à Rome.
>> Les clichés à travers le monde. Les Italiens parlent-ils tous avec les mains ?
A l'image de Marco, les Italiens sont parmi les Européens qui tardent le plus à couper le cordon : après leur 30 ans en moyenne, soit six ans de plus que les voisins français et 12 ans de plus, comparés aux Suédois. Mais ce n’est pas pour autant qu’il pèse sur sa famille, assure Marco : "Beaucoup croient que si on habite avec la mamma, c’est elle qui fait tout, ça me fait rire ! Enfin, si, elle fait à manger, évidemment ça lui fait plaisir de cuisiner pour moi, mais moi aussi je fais le ménage ou les courses !"
"On a un sens de la famille qu’on ne retrouve nulle part ailleurs"
L'Italie détient même un record : plus de 67% des moins de 35 ans, majoritairement les hommes, vivent encore dans le logement parental, pour le confort ou le plaisir. C'est culturel en tout cas,assure Stefano, parti à 33 ans du giron familial : "Nous, les Italiens, on aime rester à la maison parce qu’on a un sens de la famille qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. On est très attaché à la maison des parents, c’est notre point de repère et de soutien solide”, assure-t-il.
Reste que le sujet des mammoni est un sujet dont on parle entre amis, dans les films et les séries italiennes, et qui fait même l’objet de caméras cachés où des mamans complices font croire à leur grand enfant qu’elle le chasse de la maison. Un programme léger qui révèle surtout une réalité économique : la précarité des jeunes est un frein à leur envol. "J’ai deux fils. Ils sont bien avec moi à la maison, mais, en fait, c’est parce qu’ils n’ont pas de travail. Donc ce serait vraiment difficile pour eux de se payer eux-mêmes un logement", indique Gina, qui met le doigt sur un chiffre-clé : un jeune sur quatre est inactif en Italie. Difficile alors, de s’installer ou construire une famille, même si ce n’est pas l’envie qui manque. 70% des trentenaires déclarent en effet qu’ils quitteraient le nid s'ils en avaient les moyens.
Pour leur donner un coup de pouce, le gouvernement de Mario Draghi a débloqué l’an dernier un fonds à destination des moins de 36 ans pour faciliter les prêts et inciter ces Tanguy italiens à s’acheter leur propre maison, et quitter enfin celle des parents.
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