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Loi "anti-homosexualité" en Ouganda : au-delà du tollé mondial, les militants des droits humains réclament des sanctions contre le pouvoir en place

L'annonce de la promulgation d'une nouvelle loi prévoyant de lourdes peines pour les relations homosexuelles en Ouganda suscite indignation et inquiétude jusqu'à la Maison-Blanche.
Article rédigé par franceinfo, Dominique André
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des partisans des "Economic Freedom Fighters" manifestent devant le haut-commissariat ougandais lors d'un piquet de grève contre le projet de loi "anti-homosexualité" du pays à Pretoria, le 4 avril 2023. (PHILL MAGAKOE / AFP)

C’est l’une des lois les plus répressives au monde qui a été promulguée, lundi 29 mai, en Ouganda. Cette nouvelle loi criminalise l’homosexualité avec de lourdes peines jusqu’à 20 ans de prison et dans les cas de récidive la peine de mort. Le tollé est mondial : les États-Unis dénoncent une "atteinte tragique", alors que l’Europe la juge "déplorable".  Mais plus que des mots, il faut aussi des actes. Les militants ougandais de défense des droits humains exigent des sanctions.  

Restrictions d'entrée sur le territoire américain envisagées 


Il faut imaginer le courage de ces opposants qui vivent sous la férule de l’indéboulonnable Yoweri Museveni au pouvoir depuis 1986 dans ce pays d’Afrique de l’Est, qu’il dirige d’une main de fer. Ils espèrent des sanctions de la part de la communauté internationale. "C’est un moment clé pour les États-Unis et l’Union européenne d’aller de l’avant", clament les organisations ougandaises de défense des droits humains. Le président américain Joe Biden a déjà demandé à son équipe d’étudier les conséquences sur tous les aspects de la relation entre les États-Unis et l’Ouganda. Des restrictions à l’entrée sur le territoire américain sont envisagées. Les militants ougandais ont annoncé qu’ils déposaient aussi un recours devant la cour constitutionnelle. 
 
Ce n’est pas la première fois qu’il y a une telle mobilisation. En 2014, un projet de loi, punissant de prison à vie les homosexuels, était bloqué par la justice ougandaise pour des raisons de vice de forme. Il avait néanmoins déjà entraîné des sanctions des américains et de plusieurs pays européens. Le Danemark, la Suède, la Norvège, les Pays-Bas avaient gelé une partie de leur aide bilatérale. 

L'essor du christianisme évangélique 

Le risque aujourd’hui, c’est que d’autres pays africains suivent l’Ouganda. On observe depuis une trentaine d’années sur le continent africain la montée en puissance d’un mouvement religieux hostile au mouvement LGBT. Le christianisme évangélique, c'est son nom, est homophobe, raciste, anti-avortement. Cette église très présente aux États-Unis et en Amérique du Sud, est en croissance fulgurante en Afrique. Le président ougandais en est devenu adepte en 2008.    

Les militants des droits humains mettent en garde contre un projet de loi en préparation au Ghana qui prévoit de criminaliser les relations entre personnes du même sexe. En 2021, les évangéliques étaient présents dans 37 des 54 pays du continent africain. Deux ans plus tard, en 2023, l’homosexualité est réprimée dans 27 pays africains.

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