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Méga-mine Carmichael en Australie : Siemens montré du doigt

Alors que l’Australie est en flammes sous l’effet du réchauffement climatique, une méga-mine de charbon va ouvrir dans l’île-continent d'ici deux ans. 

Article rédigé par franceinfo, Louise Bodet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Manifestation contre le projet de mine de Siemens en Australie, à Hamburg, le 13 janvier 2020. (CHRISTIAN CHARISIUS / DPA)

Le contrat entre l’Allemand Siemens et l’Indien Adani a été signé le 10 décembre 2019, alors que les incendies ravageaient déjà l’Australie, conséquence des sécheresses accentuées par le changement climatique. Son volume est modeste : 18 millions d’euros, au regard du chiffre d’affaires du groupe, 78 milliards d’euros en 2018. Il prévoit que Siemens fournisse la signalétique pour les voies de chemin de fer du projet Carmichael, méga-mine de charbon qui doit ouvrir dans le Queensland, au nord-est de l'Australie.

Respecter la parole donnée

Or Siemens se targue de soutenir l'Accord de Paris sur le Climat, et de viser la neutralité carbone en 2030. Une contradiction majeure, finalement assumée par les dirigeants du groupe. Après quelques jours de suspense, ces derniers ont annoncé dimanche 12 janvier qu’ils choisissaient de "respecter la parole donnée afin de rester crédible", une priorité qui passe avant la cause environnementale. Résultat : des manifestations ces derniers jours dans plusieurs grandes villes d'Allemagne dont Berlin, Munich et Hambourg.

700 millions de tonnes de CO2 rejetées chaque année

Le projet Carmichael est l'un des plus controversés au monde, de par son gigantisme. Porté par le conglomérat indien Adani, il pèse plus de 11 milliards d'euros, et prévoit la production annuelle de 27 millions de tonnes de charbon, à destination du marché indien. L'exploitation est prévue sur 60 ans et devrait permettre d'extraire 2,3 milliards de tonnes de charbon, ce qui représente une hausse de 20 % des exportations australiennes. D'autres mines situées dans le même bassin houiller pourraient voir le jour dans la foulée. Et si toutes ces réserves sont brûlées, 700 millions de tonnes de dioxyde de carbone seront rejetées dans l'atmosphère chaque année pendant plus d'un demi-siècle.

L’Australie, acteur et victime du réchauffement climatique

Par ailleurs, ce bassin est situé à 500 kilomètres de la Grande Barrière de corail, inscrite au patrimoine mondial de l'humanité, et le groupe Adani prévoit d'exporter le charbon vers l'Inde via un terminal maritime situé à Abbot Point, en face du récif, ce qui induit des risques accrus de collisions et de déversements de poussière de charbon, endommageant un peu plus cette réserve de biodiversité déjà détériorée.   L’économie australienne reste très dépendante du charbon, qui est l’un de ses principaux produits d'exportation. En même temps, les méga-feux qui la ravagent rappellent que l'île-continent est aussi l'une des premières victimes du réchauffement climatique. Depuis le début de la vague d’incendies en septembre dernier, 28 personnes ont trouvé la mort, ainsi qu'un milliard d'animaux. Plus de 2 000 maisons ont brûlé. 10 millions d'hectares sont partis en fumée, soit une surface supérieure à la superficie de l’Irlande.

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