Naufrage en Méditerranée : le Bangladesh devient l'un des principaux pays d'origine des migrants notamment à cause du réchauffement climatique
Un nouveau bateau de migrants a fait naufrage ce vendredi 10 mai en Méditerranée, au large de la Libye et de la Tunisie. Et ce qui frappe c’est la nationalité des victimes.
"Ils sont morts noyés un par un, sous mes yeux", dit à l’Agence France Presse l'un des survivants du naufrage. Comme la majorité des 60 victimes, il est originaire du Bangladesh. Lorsqu'on pense aux migrants en Méditerranée, on les imagine tous Africains ou Moyen-Orientaux. En fait, le Bangladesh, ce petit pays très peuplé d’Asie du Sud, à l’Est de l’Inde, est désormais l’un des principaux pays d’origine des migrants.
Ils ne sont que 16 à avoir survécu à ce dernier naufrage, récupérés, par chance, par des pêcheurs tunisiens. Et ils racontent avoir commencé leur périple il y a six mois, à 9 000 kilomètres de la France. Ils auraient tous payé entre 7 000 et 15 000 dollars, soit l’équivalent de 20 ans de salaire mensuel moyen au Bangladesh. Autrement dit, toute la famille se saigne à blanc pour que l’un d’eux parte. D’abord le Golfe Persique, Dubaï, puis Istanbul en Turquie, puis Tripoli en Libye, où des passeurs et trafiquants les récupèrent et les parquent dans des camps pendant trois mois, avec un seul repas par jour. Et au bout du compte, un départ de nuit dans la nuit du jeudi 9 au vendredi 10 mai depuis les côtes libyennes, direction l’Italie. Et très vite, c’est le naufrage.
Des usines textiles de Dacca aux restaurants de curry de Londres
Cet exode depuis un pays si lointain s'explique. Le phénomène était quasi inexistant il y a encore cinq ans. Aujourd’hui, il va croissant. Les Bangladais constituent désormais avec les Nigérians l’un des principaux flux migratoires vers l’Europe. Il s’agit d’abord d’une émigration économique. Le Bangladesh, avec 165 millions d’habitants sur un tout petit territoire, est surpeuplé et totalement dépendant de l'industrie textile et ne fait rien pour décourager l’émigration.
Traditionnellement, les Bangladais se sont exilés vers le Golfe, comme employés dans le BTP pour les hommes et comme employées de maison pour les femmes. Mais la demande a baissé. Ils se sont ensuite exilés ver la Libye, à peu près pour les mêmes raisons : du travail dans le secteur pétrolier ou le BTP. Mais la guerre en Libye les fait fuir. Beaucoup cherchent donc désormais à rejoindre le Royaume-Uni, où la diaspora du Bangladesh compte environ 500 000 personnes. Ce sont eux, souvent, qui tiennent les restaurants de curry à Londres ou Birmingham.
700 000 déplacés climatiques par an
Il y a une autre raison à cet exode, c’est le réchauffement climatique. Le Bangladesh est l’un des pays les plus directement touchés : les inondations vont croissant car le pays est au niveau de la mer. On estime que les déplacés climatiques y sont de l’ordre de 700 000 par an. Dans un premier temps, ils fuient la côte et les campagnes et débarquent à Dacca la capitale. Ils arrivent alors souvent dans des bidonvilles qu'ils veulent fuir. L’émigration est donc tentante. Et ce flux ne va cesser de s’accroitre dans les années qui viennent : pour le seul Bangladesh, la Banque mondiale évalue à 13 millions le nombre de réfugiés climatiques d’ici 20 ans. C’est pour ça que ce nouveau naufrage est très révélateur : ce phénomène migratoire en provenance du Bangladesh est appelé à se développer.
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