Présidentielle américaine 2024 : se couper ou non la parole lors du grand débat, ce détail qui pourrait desservir Donald Trump
Lors du premier débat entre Joe Biden et Donald Trump, le président en exercice avait passablement souffert des interruptions intempestives de son adversaire. "Will you shut up, man" ("Tais-toi, mec"), avait fini par laisser échapper Joe Biden, exaspéré. Pour le débat suivant, il avait alors été imposé aux équipes techniques une mesure exceptionnelle, celle de fermer les micros pour éviter les commentaires. Cela n'a finalement pas évité la catastrophe liée à l'état physique du candidat démocrate.
Micros ouverts ou fermés ?
Désormais Kamala Harris est entrée en piste, et elle souhaite au contraire que Donald Trump puisse s'exprimer à sa guise et quand il le souhaite. En réalité, elle espère donner à son adversaire l'occasion de se saborder, en se montrant particulièrement odieux avec une femme, noire de surcroît. Elle parie ainsi sur l'effet contre-productif de propos qui seraient perçus comme sexistes ou à connotations raciales, au sein de l'électorat féminin ou issu des minorités.
Mais le calcul n'est pas sans risque. En 2016, Donald Trump avait abondamment coupé la parole, et de façon fort irrespectueuse, à son adversaire de l'époque, Hillary Clinton. Cela ne l'avait pas empêché d’emporter l'élection. Mais Kamala Harris se rappelle aussi un autre débat, qu'elle avait mené contre le républicain Mike Pence en 2020. Elle avait réagi froidement mais dignement aux interruptions de son adversaire et la vidéo était devenue virale, dénonçant à l'époque un bel exemple de "mansplaining" (concept féministe né dans les années 2010, pour désigner une situation où un homme explique à une femme quelque chose qu'elle sait déjà). Une séquence dont les démocrates avaient même fait des mugs et des tee-shirts, et qui a contribué à construire le personnage médiatique de la vice-présidente.
Donald Trump menace d'annuler sa venue
Interrogé lundi 26 août sur l'opportunité de laisser les micros ouverts, Donald Trump a répondu qu'il préférait cette option, mais son équipe de campagne milite depuis plusieurs jours pour conserver la règle établie en juin dernier : micro coupé entre les interventions. Le candidat républicain a surtout fustigé la chaîne ABC, organisatrice du débat, qui est selon lui orientée. Et il laisse planer le doute sur le maintien-même du rendez-vous.
Il affirme par ailleurs qu'il ne passe pas beaucoup de temps à préparer ce débat. "Pas besoin, je connais mon sujet mieux que personne", dit-il, convaincu que Kamala Harris n'est pas prête à affronter les questions des journalistes, et surtout à l'affronter, lui. Mais en fait, lui et son équipe peinent à s'adapter à leur nouvelle adversaire en pleine dynamique, eux qui étaient si sûrs de battre Joe Biden. Le débat du 10 septembre, s'il est maintenu, sera à ce titre déterminant.
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