Présidentielle en Argentine : les fans de la chanteuse Taylor Swift contre le candidat de la droite populiste

Dimanche soir, se déroulait le troisième et dernier débat de l’élection présidentielle argentine, avant le second tour le 19 novembre, avec deux candidats face à face. D'un côté, le péroniste Sergio Massa, actuel ministre de l’Économie. De l'autre, le phénomène populiste Javier Milei, libertarien, provocateur, dont la pensée et le style rappellent ceux de Bolsonaro au Brésil ou Trump aux États-Unis. La dynamique est du côté de Javier Milei, mais le passage de Taylor Swift ces derniers jours pourrait radicalement changer le sens du vent.

La star américaine est la référence musicale du moment, avec 250 millions de fans sur les réseaux sociaux, surnommés les "Swifties" et lui vouant un culte absolu. Elle vient de donner trois concerts à Buenos Aires, sans dire un mot sur la campagne, mais à quelques jours du vote final, ses fans y ont clairement vu un symbole. "Je ne crois pas que Milei soit le genre de candidat pour qui voterait Taylor Swift. C’est quelqu’un qui nous est hostile. Taylor est une artiste engagée qui a pris position contre Trump, par exemple. Et Milei, c’est une sorte de Trump… En pire", explique cette fan.

Javier Milei est le candidat pro-armes, antisystème, misogyne, qui compte revenir sur tous les droits et toutes les revendications des femmes argentines, d’où la naissance et la propagation virale, ces derniers jours, du hashtag "Les Swifties ne votent pas pour Milei". Impossible d’affirmer que tout cela va changer la donne, mais on peut déjà évaluer la portée de cette campagne "anti-Milei" des Swifties.

Les trois concerts de la star ont réuni 240 000 personnes, mais au total, ce sont 2,8 millions d’Argentins qui ont tenté d’obtenir un billet, soit 10% du corps électoral, c’est énorme. Deuxième indication, c’est le rapport au culte des Argentins, dès lors qu’ils ont choisi de vénérer une personnalité. Par exemple, l’Église de Maradona est un courant religieux légalement reconnu depuis 25 ans et qui compte des dizaines de milliers d’adeptes. Il n’y a pas encore d’Église "Taylor Swift", mais des cartes religieuses à son effigie ont été distribuées tout ce week-end : des figurines l’associant à une représentation du Christ, symbole d’une foi profonde et inaltérable.

Un premier test électoral pour la chanteuse, avant les élections américaines de 2024

Une adoration notamment liée aux prises de position politiques de Taylor Swift, chez elle aux États-Unis. Un engagement résumé dans une séquence poignante d’un documentaire qui lui est consacré. Au bord des larmes, Taylor Swift explique à son père pourquoi c’est important pour elle d’exprimer ses opinions et de condamner, ce jour-là, les projets de la sénatrice républicaine Marsha Blackburn, une alliée de Donald Trump. "C’est un sujet sérieux. Elle a voté contre la reconduction de la loi sur les agressions contre les femmes qui nous protège contre les violences domestiques et le harcèlement ! Sur les couples homosexuels, elle considère qu’on devrait pouvoir les expulser des restaurants… On parle de droits humains de base ! Papa, je veux que tu me pardonnes de faire ça, car je vais le faire !", explique la chanteuse dans le documentaire.

Les convictions féministes de Taylor Swift passeront leur premier test électoral, dimanche, en Argentine, avant le grand rendez-vous de l’an prochain, la présidentielle américaine. Chez elle, son influence politique est prise très au sérieux. En 2018, pour l’élection de mi-mandat, une simple déclaration de la chanteuse avait conduit 250 000 personnes à s’inscrire sur les listes électorales.