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Quand l'ambassade de France en Chine donne des leçons à Pékin sur son propre réseau social

L'ambassade française en Chine a relayé, vendredi, sur le réseau social chinois Weibo un texte très virulent de l'Union européenne à propos des violations des droits de l'Homme par Pékin.

Article rédigé par Franck Mathevon
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les drapeaux de la Chine, de la France et de l'Union européennes, lors de la cérémonie de clôture du 50e anniversaire des relations diplomatiques entre la France et la Chine, le 5 février 2015 à Paris. (SEBASTIEN JARRY / MAXPPP)

Vendredi 10 décembre, l'ambassade de France en Chine a relayé sur le réseau social chinois Weibo – l'équivalent de Twitter – un message particulièrement virulent de la délégation de l'Union européenne à Pékin. Celui-ci évoquait le non-respect des droits de l'Homme en Chine, à l'occasion de la journée internationale de ces droits. À l'origine, la délégation de l'UE – l'équivalent d'une ambassade – a publié un communiqué cinglant, en mandarin, et simplement posté un lien vers le texte sur Weibo. L'ambassade de France, elle, a relayé la déclaration dans son intégralité.

Dans ce texte, un inventaire de toutes les atteintes aux droits humains à l'œuvre en Chine. Tous les sujets tabous y sont abordés. Tout d'abord, la peine de mort : "Le nombre d’exécutions en Chine dépasse celui de tous les autres pays réunis", dénonce l'Union européenne, estimant qu'il faut "abolir cette pratique inhumaine". Ensuite, la question des Ouïghours qui subissent des "détentions arbitraires", des "restrictions de liberté" et des "violences sexuelles".

La délégation de l’UE cite également les noms de 22 Chinois condamnés par le pouvoir, dont elle demande la libération. Elle alerte sur "la censure et l’intimidation" des journalistes et demande le respect des droits des femmes et des personnes LGBTI. Elle exhorte enfin les autorités chinoises à mener une "enquête complète et transparente" sur la joueuse de tennis Peng Shuai, dont le sort inquiète le monde entier depuis qu’elle a accusé un dirigeant chinois d’agression sexuelle.

Une publication toujours en ligne après quatre jours

Le communiqué est implacable et le message posté par l'ambassade de France en Chine a entraîné beaucoup de réactions. Au total, plus de 6 400 commentaires ont été déposés. Beaucoup d’internautes s’en prennent à l’ambassade de France. Ils rappellent que les Français ont commis de nombreux crimes en Algérie ou au Moyen-Orient et que le Covid-19 a tué des millions de personnes en Occident. D’autres remercient Paris. Ainsi, un internaute écrit que "l’ambassade de France est devenue un phare sur Weibo".

Étonnamment, cette publication est toujours en ligne quatre jours après sa diffusion. Habituellement, tous les messages postés sur Weibo sont disséqués par le réseau social, voire censurés quand un sujet sensible est abordé. Sur Twitter, un dissident chinois a ainsi souligné en rouge des dizaines de mots jugés "sensibles" dans ce communiqué :  les noms des Chinois condamnés, celui de la joueuse de tennis Peng Shuai, les termes "Ouïghours" ou "transparence"... Ces mots déclenchent normalement une alerte et peuvent entraîner la suppression du post. On peut supposer que le réseau social n’a pas voulu créer d’incident en supprimant un message de la diplomatie française. 

Rappelons aussi que, de son côté, l’ambassade de Chine en France ne se prive pas de donner des leçons à Paris. Elle avait même traité le chercheur Antoine Bondaz, auteur d’un commentaire sur Taïwan, de "petite frappe". Tout cela est finalement de bonne guerre... diplomatique.

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