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Rishi Sunak veut limiter le droit de grève face à la mobilisation sociale au Royaume-Uni

La France n’est pas la seule à connaitre une forte mobilisation sociale. C’est encore plus le cas au Royaume-Uni, où grèves et manifestations se multiplient pour demander des hausses de salaire. Et la réponse du premier ministre, c’est donc la fermeté.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le Premier ministre britannique Rishi Sunak s'exprime lors de la session hebdomadaire des questions du Premier ministre à la Chambre des Communes, à Londres, le 1er février 2023. (JESSICA TAYLOR / UK PARLIAMENT / VIA AFP)

Rishi Sunak a baptisé ce projet de loi "service minimum". À l'inverse, l'opposition travailliste l'a surnommé "loi anti grèves". Le principe du texte, adopté lundi 30 janvier à la Chambre des Communes, est simple : imposer dans la plupart des administrations publiques, la santé, l'éducation, les transports, les douanes, un nombre minimal d'employés contraints de rester à leur poste en cas de conflit social. Et c'est à chaque fois la direction qui décidera du nombre de réquisitionnés. En cas de refus des intéressés : poursuites judiciaires et risques de licenciement.  

Ce durcissement, que doit encore valider la cfhambre haute, la Chambre des Lords, vient compléter une législation déjà très restrictive sur le droit de grève au Royaume-Uni, depuis les années 1980 lorsque Margaret Thatcher avait cherché à briser la grève des mineurs. Par exemple, il ne peut pas y avoir de grève sans une consultation préalable par les syndicats de leurs adhérents par voie postale. Il faut un minimum de 50% de votants et bien sûr, un résultat favorable à l'arrêt du travail. Sinon, il n'y a pas de grève. De la même manière, les "grèves de solidarité" sont interdites : le préavis doit concerner spécifiquement les salariés concernés.  

Un conflit sans précédent depuis 12 ans

Les syndicats sont vent debout contre cette réforme. Protéger le droit de grève. C'est justement l'un des slogans de la grève mercredi 1er février. Le pays est en effet touché par un mouvement sans précédent depuis 12 ans. Tout le système éducatif est affecté, de la maternelle à l'université : 80% des écoles concernées selon les syndicats. Et la grève touche également ce 1er février la fonction publique et les cheminots, au total, plus d'un demi-million de grévistes. Les conflits en série, qui secouent le pays depuis l'automne, vont continuer.

La semaine du 6 février, le personnel de santé repartira en grève : infirmières et ambulanciers. Puis ce seront à nouveau les transports, les postiers, et aussi les douaniers. Attention, si vous souhaitez vous rendre au Royaume-Uni pendant les prochaines vacances, il faut s'attendre à des perturbations. Quelles que soient les catégories de personnel, la demande est toujours la même : des hausses de salaire, pour faire face à l'inflation qui dépasse 10%.  

20 points d'avance pour l'opposition

En face le pouvoir dit non. Il n'est pas question d'augmenter les salaires, répond le gouvernement Sunak. Les caisses sont vides et de toute façon cela alimenterait l'inflation. Quant à la limitation du droit de grève, le gouvernement parie sur un soutien de l'opinion publique et sur la grogne que pourraient finir par susciter les conflits en série. Pour l'instant, on n'en est pas là. Les Britanniques soutiennent plutôt le mouvement. C'est surtout le gouvernement qui demeure terriblement impopulaire : les conservateurs accusent toujours 20 points de retard dans les sondages sur l'opposition travailliste. Vingt points, cela ne bouge pas depuis des mois.

Rishi Sunak fêtera le jeudi 2 février son 100e jour au 10 Downing Street. À part se féliciter d'avoir tenu plus longtemps que l'éphémère Liz Truss avant lui, il n'a pas beaucoup de motifs de satisfaction. Et l'économie britannique continue de plonger : elle est annoncée en récession cette année. La seule dans ce cas dans tout le monde occidental.   

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