Russie : la France est devenue la cible privilégiée des médias propagandistes du Kremlin
Depuis qu'Emmanuel Macron a expliqué fin février ne pas exclure d’envoyer des troupes au sol en Ukraine, les médias, les militaires et les personnalités politiques russes font feu de tout bois. Le tout dans un mélange des genres assez glaçant. Dmitri Medvedev a qualifié le président français de "trouillard" il y a deux semaines. Des soldats miniatures offerts par la Garde nationale russe à l’ambassade de France à Moscou, pour minimiser la puissance de l’armée française. Mais aussi les multiples fois où l’agitateur de la télévision russe, Vladimir Soloviev, a suggéré à ses invités que la Russie envoie quelques missiles sur le territoire français. "Je n’arrive pas à me décider : Paris, Marseille, Lyon peut-être, c’est une jolie ville Lyon", ironise-t-il. "Macron livre bien des tanks aux Ukrainiens. On devrait lui envoyer une frappe préventive pour prendre part au conflit".
Cette campagne de dénigrement n'est pas nouvelle, mais ces derniers jours, les déclarations deviennent de plus en plus nombreuses et de plus en plus hargneuses. À l’image du vice-président de la Douma qui combine des propos homophobes et des appels au meurtre. Piotr Tolstoï considère que la France est gouvernée "en partie par des pervers", une référence implicite à l’homosexualité du Premier ministre, Gabriel Attal. Dans la même interview, Piotr Tolstoï prévient aussi que la Russie tuera "tous les soldats français qui se rendront en Ukraine". Ce vendredi 22 mars, depuis Bruxelles, Emmanuel Macron s’étonne d’un "tel manque de nerfs" de la part de la Russie.
La population russe et l'Ukraine en ligne de mire
Il ne faut pas perdre de vue que dans sa rhétorique guerrière, Vladimir Poutine s’adresse aussi, et surtout même, à sa population. Et cette escalade des mots permet de justifier le récit du Kremlin sur la décadence de l’Occident. Par exemple, les propos homophobes du vice-président de la Douma font directement écho à la condamnation, cette semaine, pour "extrémisme" de deux patrons de bar LGBT. C’est le premier coup porté par la justice russe depuis que la Cour suprême a qualifié cette communauté "d’organisation criminelle" en novembre 2023. Cette politique de discrimination fait partie des priorités de Vladimir Poutine pour son troisième mandat.
Mais quand un navire militaire russe mouille en baie de Seine ou que la Russie menace d’abattre deux avions de chasse français, c’est un autre sujet. Depuis toujours, ces manœuvres d’intimidation sont une spécialité de l’armée russe. En frôlant le contact, la Russie laisse entendre qu’elle est menacée, qu’elle est "en état de guerre" comme l’affirmait le 21 mars le porte-parole du Kremlin. Insinuant qu’il faudra peut-être envisager d’augmenter les impôts pour financer les dépenses militaires et envisager aussi une deuxième mobilisation. Là encore, tout cela fait partie des nouvelles priorités de Vladimir Poutine. En résumé, la France est un épouvantail, plus qu’une véritable cible pour le Kremlin qui sait pertinemment qu’il est encore loin d’avoir atteint son objectif numéro un : l’Ukraine.
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