Tchad : la dynastie Déby au pouvoir fait campagne pour un référendum constitutionnel

Les Tchadiens doivent se prononcer dimanche sur l'approbation d'une nouvelle Constitution. Une étape vers des élections promises par la junte au pouvoir depuis 2021. Mais les opposants dénoncent un plébiscite en faveur du général-président Mahamat Idriss Déby.
Article rédigé par Christian Chesnot
Radio France
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Une affiche, dans les rues de N'Djaména, le 13 décembre 2023, pour appeler à voter "oui" lors du référendum prévu le 17 décembre au Tchad. (DENIS SASSOU GUEIPEUR / AFP)

Le "oui" semble assuré de l'emporter dimanche 17 décembre, il n'y a guère de suspens. Le pouvoir tchadien mène une campagne référendaire avec de gros moyens, il a rallié l'un de ses principaux opposants et surtout depuis un an, il réprime les voix dissidentes. Tout est programmé pour que le général-président Mahamat Idriss Déby reste au pouvoir. Celui-ci a pris la suite de son père Idriss Déby Itno, tué en avril 2021 par des rebelles en se rendant au front. En 1990, avec l'appui de la France, il avait chassé Hissène Habré du pouvoir et régné sur le Tchad pendant trois décennies.

Son fils, Mahamat, désigné président de transition, à la tête d'une junte de 15 généraux, avait non seulement promis de rendre le pouvoir aux civils par des élections après une transition de 18 mois, mais il s'était également engagé auprès de l'Union africaine à ne pas s'y représenter. Mais, les promesses n'engagent que ceux qui y croient. 18 mois plus tard, il prolongeait cette transition de deux ans pour lui permettre d'être candidat à la présidentielle, l'année prochaine. L'adoption de la nouvelle Constitution a donc pour objet de valider constitutionnellement ce processus de maintien de la dynastie Déby au pouvoir au Tchad.

La France privilégie la stabilité et la continuité politique du pays

La France, de concert avec les pays de l'Union européenne, les États-Unis et le Royaume-Uni, a publié un communiqué qui appelle à "un processus transparent, pluraliste, inclusif, et surtout pacifique et déplore des actes contraires à la libre expression pendant la campagne référendaire". Paris critique très mollement les abus du général-président Mahamat Idriss Déby, parce qu'il reste l'un de ses derniers alliés au Sahel dans la lutte contre les jihadistes, après le retrait de ses contingents au Mali et au Niger.

N'Djaména accueille encore des militaires français, environ 400 hommes, notamment des forces spéciales et des hommes du renseignement, et quatre chasseurs Rafale y sont positionnés. En réalité, au nom de ses intérêts géostratégiques dans la région, la France privilégie la stabilité et la continuité politique du pays, quitte à s'accommoder d'un pouvoir tchadien dirigé d'une poigne de fer par Mahamat Idriss Déby. Le retour à la démocratie au Tchad attendra.

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