Un incident à la Mostra révélateur de la poussée fasciste en Italie
Tous les jours, "Un monde d’avance" donne un coup de projecteur sur une actualité à l’étranger restée sous les radars. Aujourd’hui, direction Venise, où la Mostra s’est achevée samedi dernier avec un incident révélateur du climat politique en Italie.
Samedi 8 septembre, la cérémonie de clôture de la Mostra, le grand festival de cinéma de Venise, a été le théâtre d'un incident commenté jusqu'au sommet de l'État.
Ottavia Piccolo, une actrice connue en Italie, prix d'interprétation à Cannes en 1970 et doublure de la princesse Leia dans La guerre des étoiles, se présente à l'entrée du festival auquel elle est invitée. Trois policiers lui bloquent alors le passage en lui disant : "Vous ne pouvez pas entrer avec ce foulard", un foulard aux couleurs du drapeau italien, vert, blanc et rouge. En Italie, le porter autour du cou est un signe de ralliement d'un mouvement antifasciste, le groupe ANPI.
Il s'agit d'un mouvement célèbre en Italie, fondé en résistance à Mussolini à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ottavia Piccolo est effectivement une actrice engagée, qui venait de participer à un rassemblement de l'ANPI pour défendre les "travailleurs pauvres." L'actrice s'insurge et finit par rentrer dans le palais après l'intervention d'un supérieur.
Un incident qui a pris une tournure politique
Un député du Parti démocrate, le mouvement de l’ancien président du conseil Matteo Renzi, a demandé des explications au ministre de l’Intérieur Matteo Salvini
en lui demandant s'il a donné des consignes à la police pour s’en prendre aux mouvements antifascistes.
Rappelons que Salvini est le leader de la Ligue, le principal parti d’extrême droite italien. Le ministre de l'Intérieur n'a pas répondu et seul le parquet a fait savoir que, de son point de vue, il n'y a pas lieu d'ouvrir une enquête. Le plus probable, c’est que les trois policiers en question n’avaient pas reçu d’ordre explicite. Cela en dit toutefois long sur le climat politique en Italie, dès l’instant où certains membres des forces de l’ordre commencent à s’autoriser ce genre d’attitude.
"Le crime était d'être fasciste, pas d'être résistant au fascisme"
Il est possible de parler d'une résurgence de la parole fasciste en Italie. Matteo Salvini n’hésite plus à adopter publiquement les postures de Mussolini, les mains sur les hanches, voire à utiliser des citations de l’ancien leader fasciste.
Et surtout, depuis le début de l’été, on assiste à un accroissement des faits divers racistes : agression d’un homme marocain à Aprilia, près de Rome; tabassage d’un jeune sénégalais en Sicile aux cris de "sale nègre"; attaque contre une athlète d’origine nigériane dans le Piémont, au nord du pays...
Le principal syndicat italien, la CGIL (Confédération générale italienne du travail), se dit très inquiet face à ce "climat de haine." À ce sujet, un internaute a publié cette formule sur Twitter : "la dernière fois que j’ai lu la Constitution italienne, il était considéré que le crime était d’être fasciste, pas d’être résistant au fascisme."
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