Venezuela : Maduro envisage d’annexer une grande partie du territoire du Guyana

Depuis plusieurs mois la tension monte entre le Venezuela et le Guyana. L’objet de la discorde : la région de l’Essequibo. Un territoire riche en pétrole que le président vénézuélien souhaite annexer par un référendum auprès de sa population.
Article rédigé par Olivier Poujade
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des Vénézuéliens soutenant le référendum consultatif sur la zone de l'Essequibo, le 10 novembre 2023, à Caracas, au Venezuela. (MIGUEL GUTIERREZ / EFE / MAXPPP)

Le territoire de l'Essequibo fait l'objet de négociations entre les deux États d’Amérique du Sud depuis 1966. Cette région est si riche en pétrole que ses réserves pourraient permettre au Guyana de dépasser celles du Koweit et des Émirats, avec au moins dix milliards de barils. La découverte a été faite récemment par le consortium chargé d’exploiter la zone et dirigé par l’américain ExxonMobil. Les Vénézuéliens sont furieux, ils considèrent que l’exploitation a été décidée unilatéralement par le Guyana, au mépris de l’accord de Genève signé en 1966. Cet accord prévoyait des négociations pour que les deux pays parviennent à une solution pacifique sur l’Essequibo, un territoire qu’ils revendiquent tous les deux.

Sauf que les négociations n’ont jamais abouti et le litige a été confié, en 2018, à la Cour internationale de justice. Une cour dont le Venezuela ne reconnaît pas les compétences pour traiter ce dossier. Voyant donc le pactole pétrolier de l’Essequibo lui filer entre les mains, Nicolas Maduro, le président vénézuélien, a donc décidé de se faire justice lui-même. Il envisage carrément d’annexer ce territoire - qui couvre les deux tiers du Guyana. Maduro prévoit donc une intervention militaire. Un projet qu’il soumettra à un référendum, le 3 décembre prochain, dans un pays qui ne compte plus aucun opposant.

Le Guyana affirme aujourd’hui que ce référendum constitue "une menace existentielle". Son président Irfaan Ali demande à la Cour internationale de justice d’arrêter de "toute urgence" l’organisation de ce référendum. Maduro demande un retour des négociations sur le litige de l’Essequibo, dans le cadre de l’accord de Genève, car il prétend vouloir régler diplomatiquement cette situation. Mais concrètement, il suffit d’écouter la campagne de promotion du référendum pour comprendre les intentions du gouvernement vénézuélien. "Aujourd’hui les forces armées rejoignent la campagne pour retrouver 'Tout le Venezuela'. Nous sommes l’Histoire, nous sommes un peuple, nous sommes les enfants de Bolivar. L’Essequibo nous appartient", explique cette campagne. Nicolas Maduro n’attend donc que l’aval de son peuple pour agir et lancer ses troupes à la conquête de l’Essequibo.

Les cadres fixés par les Nations Unies régulièrement bafoués

Cette histoire illustre le respect accordé aujourd'hui au cadre fixé par les Nations Unies. Dans ce cas précis, la décision de la Cour internationale de justice peut être contraignante, mais elle n’aura aucun levier pour la faire appliquer. Plus graves encore sont les exemples donnés par les grandes puissances, la Russie en Crimée et dans le Donbass, par exemple. Ou encore, les États-Unis de Trump lorsqu’ils reconnaissent, en 2019, la souveraineté d’Israël dans le Golan syrien. La Chine, quand elle publie la carte de ses frontières en intégrant Taïwan. C’est une tendance lourde, qui finit par décomplexer des dirigeants comme Nicolas Maduro quand il estime qu’il devient urgent de récupérer une partie du Guyana.

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