Visite du président allemand en Turquie : un kebab pour célébrer 100 ans de relations diplomatiques
L’avion présidentiel allemand de Frank-Walter Steinmeier a décollé lundi 22 avril 2024 de Berlin avec dans ses soutes 60 kilos de viande de kebab congelée. Parmi la délégation, il y a le chef Arif Keles, dont la famille est propriétaire depuis trois générations d’un "imbiss", un restaurant de rue très fréquenté par les Berlinois. Donc, après avoir tranché quelques morceaux, devant les smartphones de la communauté allemande d’Istanbul, Steinmeier devrait logiquement organiser ce mercredi 24 avril une dégustation pour le président turc Recep Tayyip Erdoğan, à Ankara.
Le kebab est une institution en Allemagne, mais le concept de broche verticale que l’on connaît n’existe pas en Turquie. Tout simplement parce que c’est une création de la toute première génération d’immigrés turcs arrivés en Allemagne dans les années 60. L’historique du kebab, c’est Frank-Walter Steinmeier qui en parle le mieux. "Le kebab dans sa forme actuelle a été inventé à Berlin par les travailleurs turcs et il est devenu, en Allemagne, un plat national. Aucun plat à emporter n’est aussi consommé et exporté que le Doner Kebab", a-t-il déclaré dans les jardins du consulat allemand d’Istanbul.
Le président moqué et critiqué
L’initiative a provoqué un tollé, pas en Turquie, mais en Allemagne. La photo du président vêtu d’un tablier, armé d’un long couteau, le visage concentré comme celui d’un élève qui apprend à écrire, cette image a fait le tour des réseaux. Elle a provoqué l’hilarité générale et une tornade de critiques, rappelant que d’autres exemples de réussite des descendants d’immigrés turcs auraient pu être mis en valeur. Parmi eux, la découverte du premier vaccin contre le Covid par les fondateurs du laboratoire BioNtech.
D’autant que ce voyage officiel se déroule dans un contexte assez crispé entre les deux pays. L’Allemagne soutient résolument Israël, quand la Turquie tend la main au Hamas depuis plusieurs années. Steinmeier critique ouvertement la politique autoritaire d’Erdogan. Les deux hommes ne s’apprécient guère, et cette "diplomatie du kebab" est un pari risqué. Soit elle permettra de faire passer la pilule, soit elle peut aussi très franchement plomber l’ambiance.
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