Cet article date de plus d'onze ans.

" Le modèle français d'intégration est mort "

Directrice de recherches à l'INED (Institut National des Etudes Démographiques), Michèle Tribalat étudie depuis de nombreuses années les questions liées à l'immigration et à l'Islam. Elle publie "Assimilation : la fin du modèle français" aux éditions du Toucan
Article rédigé par Olivier de Lagarde
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1min
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L'assimilation est un processus social de convergence des
comportements, auquel la mixité des unions apporte une contribution décisive.
C'est ainsi que des millions d'immigrés et d'enfants d'immigrés sont devenus
des Français à part entière depuis des générations. Or, avec l'arrivée de
nouvelles vagues migratoires de personnes d'origines musulmanes, ce modèle a
cessé de fonctionner.

Cette intégration s'effectuait dans un rapport inégalitaire
entre la nation qui accueille et les nouveaux venus. Italiens, Espagnols,
Portugais et  Polonais au XIXe et au XXe
siècle, ce sont eux qui ont fourni l'essentiel de l'effort d'intégration, sous la
pression sociale exercée par la population autochtone. Pour des raisons
politiques et idéologiques, du fait de mauvaises consciences et d'un passé mal
assumé, la France d'abord puis l'Europe ont brisé ce modèle.

 

En république, l'assimilation nécessite que le corps social s'engage sans
réticence – en l'occurrence les classes populaires qui sont au front de la
cohabitation inter-ethnique – et dans son entier, élites comprises. Ce n'est
plus le cas. C'est l'un des tabous les mieux enfouis politiquement. Et c'est
aussi la conséquence de la montée du Front national à qui l'on a laissé le champ libre.

Les autres livres de Michèle Tribalat :  "La République et l'Islam" (Gallimard, 2002), "Les Yeux grands fermés" (Denoël, 2010)

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