Marie de Hennezel : "On a plus peur de vieillir que de mourir"
Elle défend la
loi Leonetti, une loi suffisante, selon elle, mais qui n'est pas correctement
appliquée par les soignants. Opposée à l'euthanasie, elle plaide, non pas pour
une nouvelle loi comme le souhaite François Hollande, mais pour un effort de
pédagogie vis à vis des médecins et des infirmières.
Marie de
Hennezel a côtoyé la mort tout au long de sa vie et de sa carrière.
Enfant déjà, née au sortir de la Seconde Guerre mondiale, sa grand-mère
l'emmène au cimetière tous les jours pendant ses vacances. A la naissance de
son deuxième enfant, elle renonce à une carrière d'enseignante d'anglais, suit
une psychanalyse et reprend des études de psychologie. Elle interviendra auprès
de schizophrènes, de femmes "avortantes", de malades du sida. "Côtoyer
la mort, c'est une véritable initiation à la vie, au plaisir, ça m'a rendue
plus vivante ". Puis son père se suicide, sans qu'elle puisse lui
dire adieu.
Elle sait donc combien les derniers instants de la vie sont
riches et précieux. Passé le cap de la soixantaine, elle plonge dans la
dépression et s'interroge sur la vieillesse. Elle en écrit un livre en 2010 : Une
vie pour se mettre au monde. Et aujourd'hui, elle intervient auprès de
seniors pour défendre le droit à la lenteur.
Le veillissement est angoissant car le spectre de la perte d'autonomie plane :"Aujourd'hui on a plus peur de veillir que de mourir ". Les nouvelles générations n'ont pas envie de peser sur les plus jeunes. C'est peut-être selon Marie de Hennezel, parce que la nouvelle génération a déjà l'impression d'être une génération sacrifiée, après l'opulence des années 1970.
Il est particulièrement difficile de bien vieillir dans une société très jeuniste. Mais cela existe, et il y a des clés : "prendre soin de soi et de son corps, lutter contre la mauvaise image de la vieillesse, assumer le fait que l'on veillit, et ne pas mettre de côté la question de la mort ". Se penser comme mortel permet de mieux appréhender ce qu'il nous reste à vivre. La génération des baby-boomers est plus heureuse : "C'est une génération qui réfléchit, qui ne subit pas ce qui lui arrive ". "Elle se donne les moyens d'être le plus dynamique possible, et puis il y a toute une vie affective et sexuelle possible. C'est pour cela qu'il faut changer notre regard sur le vieillissement ".
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