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Olivier Poivre d'Arvor : "La stérilité m'a fait découvrir mon rôle social"

Olivier Poivre d'Arvor, écrivain diplomate, directeur de France Culture, vient de publier Le jour où j'ai rencontré ma fille, chez Grasset. Un livre autobiographique où il raconte la découverte de la stérilité et son parcours du combattant pour adopter un enfant.
Article rédigé par Olivier de Lagarde
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Franceinfo (Franceinfo)

Alors qu'il atteint la cinquantaine, le narrateur apprend
qu'il est stérile. Il s'aperçoit, en même temps, qu'il ne désire rien de plus
qu'être père. Mais que faire quand le corps refuse et que le sujet est tabou ?
La stérilité concerne 10% des hommes, mais si "tout se dit et se
confesse, pas ceci,
" estime Olivier Poivre d'Arvor.

"Les hommes sont autant stériles que les femmes mais
ne le disent pas. Il n'y a pas de héros stérile. C'est un objet dont je me suis
emparé sans me rendre compte que je serais, à ce point-là, isolé dans ma
confession. Le découvrir est quelque chose d'assez dur, c'était la fin de mon rêve,
de ma liberté. Tout d'un coup je comprenais que j'étais une impasse.
"

L'adoption

L'histoire recommence au Togo, quelques mois plus tard,
lorsqu'il rencontre une petite fille de sept ans, Amaal, et qu'il décide de
l'adopter. Mais là encore, comment fait-on quand on est un homme célibataire
pour devenir père ?

L'adoption n'est pas une chose simple car "il n'y a
pas d'enfants adoptables facilement et que le dossier a constitué est assez
complexe. Un million de personnes veulent adopter dans le monde et il y a
un million d'enfant qui sont adoptables, et pourtant ces deux millions ne se
rencontrent jamais,
" explique Olivier Poivre d'Arvor. "C'est de
plus en plus difficile.
"

Les célibataires ont beaucoup de mal a adopter parce que les
institutions donnent la priorité aux couples sur les personnes seules. "Un
enfant a surtout besoin que l'on s'occupe de lui et suivant les pays la notion
d'éducation est très différente. Très souvent les enfants ne sont pas élevés
par leurs parents, mais par un oncle et une tante. Les enfants ont une
faculté extraordinaire pour s'adapter.
"

L'instinct paternel

Jusqu'à la cinquantaine, Olivier Poivre d'Arvor était adepte
de la "no kid philosophie". Une attitude qu'il explique par "une
image dégradée de ce qu'était la famille et par un désir de ne pas reproduire ce
[qu'il] avait vécu enfant, un monde ennuyeux. Mais aussi par goût de la liberté
et par anticonformisme.
"

"Tout cela étant une barricade pour ne pas se livrer, à un
moment, après la rencontre avec un enfant et le sentiment d'avoir fait le tour
de moi-même, je me suis aperçu que je n'avais pas beaucoup donné.
"

"Je suis très heureux d'être le père d'une enfant que
je n'ai pas fabriqué, parce que j'ai d'autant plus d'admiration pour elle parce
que je n'y suis pour rien. La filiation n'est pas la ressemblance, c'est la
reconnaissance.
"

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