Ma ville demain. Le rêve de ville moyenne
Près d'un Français sur deux aime les villes moyennes. Mais de quoi parle-t-on exatement ?
franceinfo : Les Français adorent les villes moyennes : ils sont 43% à les préférer contre 22% pour les grandes villes. Alors, Cécile Maisonneuve, ma ville demain sera-t-elle une ville moyenne ?
Cécile Maisonneuve : C’est vrai, les Français sont fans de la ville moyenne et la plébiscitent encore plus depuis le confinement. Haro sur la grande ville : 28% des habitants des villes de plus de 100 000 habitants disent aujourd’hui vouloir déménager, un chiffre qui s’élève même à 38% dans l’agglomération parisienne ! Déménager, très bien, mais pour aller où ? St-Malo, Roanne, Menton, Cholet, Montargis ? Toutes ces villes n’ont rien à voir ensemble me direz-vous, et pour cause : la ville moyenne n’existe pas. C’est un fantasme français.
Mais n’y a-t-il pas une définition de la ville moyenne qui permettrait d’y voir plus clair ?
Oui, il y a une définition, qui est d’ailleurs différente selon les pays. En Chine, la "ville moyenne" est comprise entre 500 000 et un million d’habitants. Si elle était chinoise, la ville de Marseille, deuxième plus grande ville de France, serait considérée comme une"ville moyenne" ! En France, les seuils sont plus bas, entre 10 000 et 100 000 habitants. On ratisse large ! Autant dire que sous ce label se côtoient des villes très, très différentes, dont il est impossible de brosser le portrait-robot. Certaines sont industrielles, d’autres résidentielles, certaines sont en plein boom, d’autres perdent des habitants, d’autres encore ont un centre dévitalisé mais s’étendent en périphérie.
Si la ville moyenne est cet objet urbain non identifié, qu’est-ce qui les rend si séduisantes aux yeux des Français ?
C’est avant tout une question de perception. Les Français y voient un havre de paix au charme d’antan, loin des cœurs de métropoles et de leurs prix démesurés. La ville moyenne semble rassembler le meilleur des deux mondes, une sorte d’entre-deux entre ville et campagne, où l’on connaît son voisin. Ça, c’est la perception. Dans la réalité, que montrent les chiffres de l’INSEE ? Ce qui intéresse les Français dans leur choix de lieu de résidence, ce sont les opportunités d’emploi, de formation, de projets, de rencontres avec les autres. C’est pourquoi il y a fort à parier que ma ville demain, qu’elle soit petite, moyenne ou grande, sera toujours située dans une aire urbaine ou métropolitaine, là où se créent les emplois et se développe l’innovation. Ce qui ne nous empêchera pas de continuer à fantasmer sur la ville moyenne !
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