Environnement : la COP, un organe imparfait mais nécessaire pour la lutte contre le réchauffement climatique
Cette COP29 ne s’est pas vraiment ouverte sous les meilleurs auspices, avec l’élection de Donald Trump, et un monde plus fracturé que jamais. On ne va pas préjuger du résultat final, mais c’est quand même l’occasion de nous interroger sur les attentes vis-à-vis des COP (Conférence des Parties), parce qu’on a l’impression que ces attentes sont toujours un peu déçues. Quel que soit le résultat, on a l’impression que ce n’est pas à la hauteur du problème. Par exemple, l’an dernier à Dubaï, alors que la COP avait produit l’un des textes les plus ambitieux depuis l’Accord de Paris, il se trouvait beaucoup d’observateurs pour être malgré tout déçus du résultat. Et je crois que cette déception permanente tient beaucoup à nos attentes vis-à-vis des COP.
Jusqu’à la COP15 de Copenhague, en 2009, les COP étaient surtout des réunions techniques, auxquelles n’assistaient pas les chefs d’États, et qui ne recevaient pas une couverture médiatique particulière. Mais depuis, au fur et à mesure que le changement climatique devenait plus pressant, les COP sont devenues de véritables sommets sur le climat, auxquels assistent les chefs d’États et qui reçoivent une large couverture médiatique. Et donc, de ce fait, on attend de chaque COP qu’elle marque un tournant majeur et qu’elle règle le problème avec un grand accord. Mais les COP ne peuvent pas produire ça, parce qu’il faut bien comprendre qu’il s’agit d’une négociation qui n’a pas de fin.
Le besoin d'un organe de gouvernance au niveau mondial
Quand vous négociez un accord de paix ou un accord commercial, l’objectif est clair : une fois que l’accord est signé, la négociation s’éteint d’elle-même. Avec le changement climatique, c'est différent, parce que c'est un problème que nous allons devoir gouverner pendant toute la durée du siècle. Ce qui veut dire qu’il y aura une COP30, l’an prochain au Brésil, mais aussi une COP37, une COP52 et une COP84. La question, c’est de savoir si on les organisera encore sur le même modèle dans 20 ou 30 ans.
Mais ce qui est clair, c'est qu’on aura besoin d’un organe de gouvernance qui soit mondial, et de long-terme. Or, le problème, c’est que j’ai l’impression qu’on attend chaque année une COP définitive, ou qu’on se demande à quoi sert une nouvelle COP. C’est comme si on se demandait chaque semaine à quoi sert le Conseil des ministres du mercredi matin, ou qu’on espère qu’un Conseil des ministres ultime puisse régler à lui tout seul les problèmes de la France. On voit bien que ça n'arrivera jamais : parce que les COP sont un processus itératif, où il s’agit de progresser chaque année, et surtout d’organiser une gouvernance sur le long-terme.
Des priorités très différentes en fonction des pays
Bien sûr que ça ne va pas assez vite. Mais c’est parce qu’il faut mettre tout le monde d’accord, et tout le monde, c'est près de 200 pays, qui sont dans des situations très différentes, avec des priorités très différentes. Et pour garantir que tout le monde soit bien d’accord, on a décidé qu’il n’y aurait pas de vote, et que toutes les décisions se prendraient au consensus. Si vous avez déjà essayé de vous mettre d’accord avec vos amis ou avec votre famille sur une destination de vacances commune, vous savez combien c’est compliqué. C’est pareil avec les COP.
Mais le problème, c'est que le changement climatique galope à toute allure, tandis que les COP avancent à un train de sénateur, comme si elles avaient lieu dans une bulle détachée du réel. C’est ce que les chercheurs Stefan Aykut et Amy Dahan ont appelé un "schisme de réalité". Si on prend la COP29, par exemple, qui traite du soutien financier aux pays du Sud, il ne faut pas s’attendre à ce que les gouvernements signent des chèques à la fin de la quinzaine. Dans le meilleur des cas, on se mettra d’accord sur un montant global et sur une liste de contributeurs.
Des pistes pour améliorer le processus
Il y a plein de choses qu’on pourrait faire pour améliorer le processus et le rendre plus efficace. Par exemple, on pourrait permettre les votes, ou favoriser des accords de coalitions sur certains sujets. Mais il y a une chose qu’on ne pourra pas changer : c’est que les COP sont le reflet de l’état de la transition dans les différents pays. Elles servent surtout de chambre d’enregistrement, bien davantage que d’organes décisionnels. Et donc, le meilleur moyen de faire avancer les COP plus vite, c’est d’accélérer la transition dans chacun des pays. Et pour ne pas être sans cesse déçus du résultat final, il faut s’intéresser davantage au processus, et peut-être un peu moins au résultat, à la déclaration finale. Ou en tout cas accepter que chaque résultat n’est qu’une étape, et pas une ligne d’arrivée.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.