Roland-Garros 2022 : après avoir fui Odessa, l'Ukrainienne Dayana Yastremska veut honorer son pays sur la terre battue parisienne
La jeune ukrainienne, 80e joueuse mondiale, a fui son pays après l’invasion russe. Réfugiée en France, elle va disputer sa troisième édition de Roland-Garros.
Dayana Yastremska attendait depuis longtemps ce rendez-vous, le plus grand de l’année sur terre battue, celui qui fait rêver tous les amoureux du tennis. Elle n’imaginait sans doute pas l’aborder dans ces conditions. La jeune joueuse ukrainienne entre en lice sur la terre battue parisienne ce lundi, face à Alison Riske. Presque deux mois après avoir fui son pays en guerre.
La nuit du 23 février dernier, alors qu’elle dort dans la maison familiale d’Odessa, Dayana Yastremska est réveillée par les bombes qui s’abattent sur l’Ukraine. Après deux nuits passées dans un abri dans un parking, la famille prend la décision de prendre la route, dès le lendemain, pour amener Dayana et sa petite sœur, Ivanna, 15 ans, à la frontière roumaine. Les deux parents décident, eux, de rester en Ukraine.
"Vous devez partir, vous devez suivre vos rêves"
"C’était très émouvant, parce que sur le bateau qui nous emmenait en Roumanie, on pouvait voir nos parents de l’autre côté de la rivière. Alors que nous, on partait de notre côté vers un endroit sûr", se souvient-elle dans une interview accordée à Brut début mars. "Je ne voulais pas partir, quitter mon pays. Mais mon père nous a dit : ‘‘Vous devez partir, vous devez suivre vos rêves, vous devez construire votre futur, et vous devez prendre soin l’une de l’autre.’’"
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En parallèle, la jeune femme décide de partager son histoire et son quotidien sur les réseaux sociaux. Le 25 février, elle publie sur Instagram une photo et une vidéo de son départ d’Ukraine. “Je voulais le faire, je voulais partager ce qui m’arrivait, et en garder une trace.” Suivent plusieurs “stories” qui dévoilent les coulisses du voyage, au terme duquel les deux sœurs arrivent à Lyon. Elles y ont reçu une invitation pour prendre part à l’Open Parc Auvergne-Rhône-Alpes, Dayana en simple, et toutes les deux en double. Il faut repenser au sport, au jeu, à la compétition. "C’est difficile d’être sur le terrain quand toutes mes pensées vont vers l’Ukraine, et ma famille", écrit la joueuse de 22 ans sur son compte Instagram.
Une belle épopée au tournoi de Lyon
Les deux sœurs tombent dès leur entrée en lice contre la paire suisso-espagnole Georgina Garcia Perez/Xenia Knoll. Mais dans le tableau simple, Dayana Yastremska avance, tour après tour. A chaque rencontre, elle entre sur le court avec le drapeau ukrainien, et elle dédie chaque victoire à son pays et aux siens restés là-bas. Elle se hisse jusqu’en finale, où elle s’incline en trois sets contre Zhang Shuai. "Ma chère Ukraine, je voulais tellement gagner pour toi. J’ai tout donné toute la semaine, car c’est ce que font les Ukrainiens", écrit-t-elle après la rencontre.
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Dans ces conditions particulières, Dayana Yastremska a signé la deuxième finale de sa carrière sur le circuit WTA, après le tournoi d’Adélaïde en janvier 2020. Entre temps, la jeune ukrainienne avait été suspendue six mois, de la fin de saison 2020 jusqu’à juin 2021, pour un contrôle positif au Mestérolone - produit transmis au cours d'un rapport sexuel -, avant que la sanction ne soit finalement annulée.
Depuis la parenthèse enchantée lyonnaise, Yastremska poursuit les compétitions. Elle dispute notamment le Masters 1000 de Madrid, fin avril, où elle est éliminée au 2e tour. C’est depuis la capitale espagnole qu’elle fête avec sa soeur, à distance, l’anniversaire de leur père, resté en Ukraine. Une vidéo partagée sur Instagram, accompagnée de la légende : "J’espère qu’on pourra se revoir bientôt." Le conflit est encore présent dans son quotidien, à l'heure d'aborder Roland-Garros.
En l’absence d’Elina Svitolina, qui avait annoncé mi-mai renoncer au tournoi français, avant de dévoiler quelques jours plus tard sa grossesse, Dayana Yastremska sera l’une des quatre représentantes ukrainiennes à Paris. "C'est un honneur pour moi de représenter mon pays à un tournoi aussi prestigieux que Roland-Garros", a-t-elle déclaré mercredi dernier sur le plateau de BFMTV. Opposée à Alison Riske (43e mondiale), elle tentera de dépasser pour la première fois de sa carrière le premier tour, ce qu’elle n’a pas encore réussi à faire en deux participations (2019 et 2020) porte d'Auteuil. Pour continuer de rendre hommage à son pays et ses racines.
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