Roland-Garros 2024 : de multiples prétendants pour un tableau masculin ouvert pour la première fois depuis vingt ans

L’incertitude règne autour des états de forme des favoris habituels de Roland-Garros : Rafael Nadal, Novak Djokovic ou encore Carlos Alcaraz. Le premier tour débute dimanche.
Article rédigé par Sasha Beckermann
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
Rafael Nadal, à Roland-Garros, à Paris, le lundi 20 mai 2024. (ALEXANDRE MARTINS / AFP)

Bien malin et confiant serait celui qui pourrait donner dès le début du tour principal, dimanche 26 mai, le nom du vainqueur de l'édition 2024 de Roland-Garros. Entre blessures, états de forme inconnus, retour, dernière danse, et fin d’un cycle de domination sans partage, le tournoi masculin n’a pas paru aussi incertain depuis plusieurs années. Depuis le sacre de Gaston Gaudio en 2004, la domination de Rafael Nadal, à peine entrecoupée des succès de Roger Federer, Stanislas Wawrinka et Novak Djokovic (trois fois) n'a pas laissé de place au suspense.

"On a rarement vu un tournoi aussi ouvert, concède Arnaud Clément, consultant tennis pour franceinfo: sport. Pour moi, il y a six ou sept joueurs. Je parle d’Alexander Zverev, de Novak Djokovic, de Casper Ruud, de Stefanos Tsitsipas, Carlos Alcaraz ou encore de Jannik Sinner", liste l’ancien 10e mondial, retraité depuis 2012. Et Rafael Nadal ? Inclassable pour lui : "Je pense que 99% des gens ne le mettent nulle part et espèrent juste qu'il va faire un bon tournoi pour son dernier Roland. Mais il peut être capable d'élever son niveau de jeu de manière rapide sur quelques matchs et prendre confiance."  Seul hic, le Majorquin a hérité d'un tirage extrêmement périlleux, avec "Sascha" Zverev sur sa route dès le premier tour.

Zverev, favori des favoris ?

Car s’il y en a bien un qui rassure Arnaud Clément, c’est l'Allemand, récent vainqueur du Masters 1000 de Rome. "Je l’ai trouvé très solide, très fort au service et quand il sert comme ça, ils ne sont pas beaucoup à pouvoir aller le chercher." Plus que son service, le numéro 4 mondial a passé un cap dans sa façon de jouer, avec plus de prises d’initiatives, notamment dans un jeu offensif : "Ce qui lui a manqué, notamment en Grand Chelem, c’est d’aller chercher les matchs. Il s’est rendu compte qu’il devait être plus agressif, il l’a d’ailleurs dit : 'Pour gagner Roland, je dois être plus agressif.' On a vu qu'il avait vraiment fait l'effort à Rome d'essayer de mettre ça en application le plus souvent possible. Je pense qu'il n'a peut-être jamais été dans d'aussi bonnes dispositions pour aller gagner un Grand Chelem."

Pour cela, il faudra donc se défaire du maître des lieux d'entrée. Après 14 titres Porte d'Auteuil, "Rafa" devrait faire ses adieux au tournoi parisien cette année. Il s’est entraîné lundi sur le court Philippe-Chatrier, alors qu'il n’a joué que huit matchs sur terre battue en 2024. Mais de l'avis de Novak Djokovic, il n’y a pas débat. "Quand tu parles de Roland-Garros et que Nadal est là, il est toujours le plus grand favori pour moi", confiait le Serbe en marge du tournoi de Genève. Avant d’ajouter : "Casper Ruud est sûrement un des cinq joueurs candidats à la victoire. On a aussi Alexander Zverev, Andrey Rublev, Stefanos Tsitsipas, tous les joueurs qui ont gagné cette année un grand tournoi sur cette surface. Et après, peut-être moi, si je me sens bien." 

Djokovic arrive sans grande certitude

En quête de sensation et de confiance, le Serbe a envoyé un signal positif, jeudi, en atteignant les demi-finales de l’ATP 250 de Genève après avoir écarté Tallon Griekspoor (7-5, 6-1). Reste que c’est la première fois de sa carrière que le numéro 1 mondial participe à un tournoi juste avant la quinzaine parisienne. "Le fait qu'il rajoute un tournoi, ça veut dire : 'Non, je ne suis pas prêt, j'ai besoin de matchs.' Ce n’est pas un signe hyper rassurant qu’il renvoie", avance Arnaud Clément.  

Et pendant que "Djoko" se cherchait en Suisse, Carlos Alcaraz et Jannik Sinner faisaient leurs premiers pas de l’année 2024 sur le court central de Roland-Garros. L’Italien est resté longtemps incertain après une blessure à la hanche contractée début mai. Le numéro 2 mondial a pris confiance sur l'ocre en s’entraînant à Monaco, puis à Paris. "Sinner disait qu’il ne jouerait pas s’il n’était pas prêt. S’il n’avait pas été blessé, il arrivait sur sa lancée de l’Open d’Australie, il joue très bien sur terre battue, il aurait été l’un des grands favoris de Roland-Garros. Là, ce n’est pas le cas. Il arrive un peu derrière, mais il est capable de reprendre des sensations très rapidement", estime Arnaud Clément. 

Le consultant tennis pour franceinfo: sport fait la même analyse pour Carlos Alcaraz. L’Espagnol, gêné par un avant-bras droit douloureux, n’a pas vraiment pu se tester sur terre battue en tournoi : il a fait l'impasse à Monte-Carlo et Barcelone, puis son retour à Madrid s'est arrêté en quarts, avant un nouveau forfait à Rome. "Quelque part, c’est aussi un peu moins de pression pour eux deux. Mais ils n’ont pas beaucoup enchaîné ces cinq derniers mois. Ils pourront peut-être manquer de rythme. Après, on a vu des joueurs le retrouver au fur et à mesure de la quinzaine."

Tsitsipas et Ruud, sérieux prétendants

Malgré un coup de moins bien dans la capitale italienne et une élimination surprise devant Nicolas Jarry en quarts de finale, Stefanos Tsitsipas est redevenu un sérieux prétendant sur terre battue. En mai, le Grec a rejoint la courte liste des joueurs à avoir remporté au moins trois fois le tournoi de Monte-Carlo. "J'avais vraiment besoin d'une semaine comme celle-ci, surtout après les derniers mois que j'ai traversés depuis la seconde moitié de saison 2023, confiait-il en conférence de presse après sa victoire. (...) J'ai joué parfois du tennis incroyable. (...) Et confirmer face à Casper, qui est un très bon joueur de terre, c'est le signe que je suis capable de grandes choses." 

Comme Novak Djokovik, Casper Ruud est qualifié pour le dernier carré à Genève. Le Norvégien, double vainqueur du tournoi (2021, 2022), pourrait y faire le plein de confiance avant de rallier la France. Le finaliste malheureux des deux dernières éditions de Roland-Garros n'a pas caché ses ambitions : "Chaque fois que je jouerai contre quelqu'un, il saura que j'ai atteint la finale, a-t-il clamé en conférence de presse. Cette année, il s'agira donc d'un tournoi ouvert. Il n'y aura peut-être pas un grand favori pour remporter le tournoi, mais il y en a plusieurs. Et bien sûr, j'espère faire partie du groupe qui vise à remporter le titre."

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