"À force de caractère, elle s'en est sortie" : Paquita, témoin au procès du Mediator, veut obtenir réparation
Le procès du Mediator entre dans sa dernière ligne droite mercredi. Au total, 4 600 victimes sont parties civiles dans ce dossier qui termine sept mois d’audience. Pour chaque victime, une histoire terrible, douloureuse et une famille qui souffre. C’est le cas de Paquita Guardiola, aide-soignante de Tarascon.
À 66 ans, Paquita, est une battante. Dans sa robe bariolée, elle est venue des Bouches-du-Rhône. Petite femme rieuse, elle avait de l'énergie à revendre, mais en 2006, c’est le début d’un très longue série. "Depuis qu'elle a été mise au contact du Mediator, il ne lui est arrivé que des malheurs, raconte son avocat Jean-Christophe Coubris. Des opérations qui se sont mal passées, des complications, une longue période de coma, une greffe de cœur. Et puis, comme si ça ne suffisait pas, le donneur avait lui aussi mangé du Mediator."
Paquita a pris du Mediator trois ans, à partir de 1995. Ce médicament, interdit en 2009, a causé des dommages cardiaques et pulmonaires irréversibles sur des milliers de patients. Aide-soignante puis aide-malade à domicile, Paquita a dû tout abandonner : "Ils [les médecins] avaient dit à ma famille : 'Ça fait de la peine. On ne pourra pas la sauver'."
Je ne marchais plus, je ne parlais plus, ils me donnaient à manger, je ne pouvais pas me servir de mes mains... handicapée complètement !
Paquita, victime du Mediatorà franceinfo
À ses côtés, son mari, infaillible, l'a crû perdue : "À force de caractère, elle s'en est sortie. Franchement, je ne pensais pas que ça durerait." Sa fille Mélanie a mis sa vie entre parenthèses, à l'âge de 16 ans. "Ç'a été des années très compliquées, concède-t-elle. À l'époque, j'étais encore au lycée, j'ai très vite arrêté pour m'occuper d'elle parce que mon père travaillait en 3×8 à l'usine. J'ai passé une bonne partie de mon adolescence à m'occuper d'elle. J'ai quitté le lycée en première."
Une indemnisation pour "vivre mieux"
À la mi-journée, mercredi 24 juin, les deux procureures vont demander des peines contre le laboratoire Servier qui a commercialisé le Mediator pendant plus de 30 ans et contre l'Agence du médicament qui n'a renouvelé les autorisations de mise sur le marché. De ce procès, Paquita n’attend pas d’argent : elle est témoin, et a accepté une indemnisation des laboratoires Servier. Mais elle est présente car elle veut la justice, épaulée comme beaucoup de victimes par l’indéboulanable ténacité du docteur Irène Frachon, par qui le scandale a éclaté. "Il y a déjà une indemnisation qui va lui permettre de vivre mieux. Une petite réparation. Avec tous ses handicaps, elle va pouvoir vivre quand même dans un lieu décent."
On lui souhaite une vie meilleure, plus confortable et surtout avec le sentiment de la justice rendue.
Irène Frachonà franceinfo
Essouflée, Paquita repartira chez elle, dans le sud, pour attendre, encore, le jugement qui doit être rendu en janvier prochain.
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