Un couple de médecins soupçonné d’euthanasies poursuivi au Havre
Cinq décès et des prescriptions illégales. Un médecin généraliste a été mis en examen pour avoir involontairement provoqué la mort de cinq personnes âgées en prescrivant du midazolam, un médicament réservé à un usage hospitalier, a annoncé le 29 novembre 2019 le parquet du Havre. Son épouse, médecin anesthésiste, est quant à elle mise en examen pour complicité et abus de confiance.
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"Apaiser" des affections lourdes
Le médecin, né en 1954, a reconnu avoir prescrit et fourni du midazolam, un puissant sédatif à ses patients. Il précise néanmoins que cette prescription "ne s'inscrivait pas dans une démarche d'euthanasie", selon un communiqué du parquet. Il a dit avoir prescrit ce médicament "pour apaiser ses patients souffrant d'affections lourdes comme des cancers ou des insuffisances respiratoires", a précisé le magistrat.
Il a été mis en examen le 13 novembre pour administration de substance nuisible ayant entraîné la mort sans intention de la donner sur personnes vulnérables. La cour d'appel de Rouen y a ajouté le 28 novembre l'interdiction d'exercer. La cour d'appel a également interdit à son épouse, médecin anesthésiste née en 1958, d’exercer.
Cinq personnes entre 64 et 90 ans
Dans le cadre de cette enquête, le corps de sept des patients du médecin, décédés entre 2015 et 2019, ont été exhumés et pour cinq d'entre eux les analyses toxicologiques ont conclu à la présence de midazolam dans l'organisme, selon le communiqué. Ces personnes étaient âgées de 80 à 90 ans au moment de leur décès, sauf une qui avait 64 ans, selon le parquet.
Et treize ampoules de midazolam ont été découvertes lors d'une perquisition au cabinet du médecin, selon le communiqué. Le midazolam est le médicament qui est utilisé pour mettre en œuvre une sédation profonde et continue jusqu'à la mort lors d'un arrêt d'un traitement autorisé par la loi en cas "d'obstination déraisonnable".
Des "expertises très pointues" à venir
Selon Paris-Normandie, l'homme qui exerçait à Angerville-la-Martel, à 50 km du Havre, n'avait jamais eu de problème avec le Conseil de l'Ordre des médecins durant sa carrière.
"On a aucun élément qui nous permette de retenir la volonté de donner la mort (...) Le débat, c'est le lien de causalité. Est-ce que ce médicament a entraîné la mort ou a participé à l'accélérer sur un état déjà grave ? Ou est-ce que ça n'a pas eu de conséquences ? Il va y avoir des expertises très pointues", a précisé le procureur de la République du Havre François Gosselin à un correspondant de l'AFP.
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