Alcool : "Il n'y a pas de dose saine", avertit le Dr Jean-Daniel Flaysakier
Faisant écho à l'étude publiée vendredi par The Lancet qui affirme que boire ne serait-ce qu'un verre de vin par jour est dangereux pour la santé, le Dr Jean-Daniel Flaysakier, spécialiste des questions de santé sur France 2, explique que le "zéro alcool" serait en effet idéal mais reconnaît que c'est culturellement très compliqué.
Selon une étude publiée vendredi 24 août par la revue médicale The Lancet, boire un verre de vin par jour n'est pas sans danger pour la santé. Jean-Daniel Flaysakier, médecin et journaliste à France 2, explique vendredi midi sur franceinfo que "l'idéal serait le zéro alcool, mais c'est très compliqué parce que le vin est dans notre société depuis 4 000 ans".
franceinfo : Que pensez-vous de cette étude qui dit que toute consommation d'alcool a forcément un effet nocif sur la santé ?
Jean-Daniel Flaysakier : C'est presque vrai. On sait aujourd'hui que les effets bénéfiques d'une consommation très modérée d'alcool sont extrêmement faibles dans quelques rares cas de prévention de maladies cardiovasculaires. Dans l'ensemble, tout ce que l'on a pu raconter pendant des années, comme quoi le vin rouge protège de la maladie d'Alzheimer, boire du whisky dilate les coronaires, etc, c'étaient des légendes commerciales. Certaines de ces études ont été faites en commun entre des médecins pas toujours très scrupuleux et certains organismes qui commercialisaient des boissons. L'idéal serait le zéro alcool mais c'est très compliqué parce que le vin est dans notre société depuis 4 000 ans. Il fait partie de la célébration des offices dans les religions juive et catholique. Les humains boivent des boissons fermentées depuis 10 000 ans.
Le plaisir de boire dans la modération n'est-il pas bon pour la santé ?
Une consommation modérée suppose une éducation et une connaissance des produits. C'est une bonne chose quand vous partagez un vin, vous en discutez, vous êtes à plusieurs, vous n'allez pas vous enivrer tout seul avec 75 cl d'une appellation d'origine protégée. C'est là qu'il faut faire un vrai effort d'éducation et non pas du lobbying bête. Aujourd'hui, certains lobbies se servent des viticulteurs comme cheval de Troie pour vendre des alcools sans histoire, sans terroir et arrivent à placer des produits extrêmement alcoolisés auprès des plus jeunes.
Une autre étude disait récemment que des addictologues étaient tombés d'accord sur un seuil de l'alcoolisme, fixé à 10 verres par semaine. Qu'en pensez-vous ?
C'est très difficile de faire du prêt-à-porter avec l'alcool. Il y a de telles variations individuelles. Nous n'avons pas tous les mêmes gênes pour détoxiquer l'alcool ou le supporter. C'est très risqué de fixer une norme. Je crois qu'il faut vraiment arriver à la consommation la plus faible qui soit, et surtout, en sachant individuellement quels en sont les effets. Il n'y a pas de dose saine d'alcool : l'alcool est par définition un toxique à cause de la molécule d'éthanol, mais c'est à chacun de savoir quelle est la dose de toxique qu'il a envie d'ingérer ou qu'il peut supporter.
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