Alimentation : des émulsifiants sont soupçonnés d'accroître de 15% le risque de cancers, selon une vaste étude
Bonbons, pâtisseries, barres chocolatées, plats préparés... De nombreux produits de l'industrie alimentaire ont recours aux émulsifiants, un des types d'additifs les plus courants, pour améliorer leur apparence, leur texture, leur goût ou leur durée de conservation. Mais les consommateurs, qui en ingurgitent sans toujours le savoir, ne connaissent pas forcément leurs effets sur leur santé. Or une équipe de chercheurs français, notamment issus de l'Inserm et de l'Inrae, a mis en évidence un lien possible entre certains de ces ingrédients et des risques accrus de cancers, dans un article publié par la revue scientifique PLOS Medicine, mardi 13 février.
Les auteurs ont analysé les données transmises en ligne par 92 000 Français, en majorité des femmes (79%), dans le cadre d'une étude plus large menée entre 2009 et 2021, explique l'Inserm. Tous les participants ont, à au moins trois reprises, renseigné tous les aliments et boissons consommées lors des dernières 24 heures et leurs marques, permettant aux chercheurs de distinguer ceux qui contiennent des émulsifiants. En parallèle, leur suivi médical, en moyenne pendant sept ans, a permis de relever les diagnostics de cancer – 2 604 ont été déclarés parmi les participants à l'étude.
Deux types d'additifs pointés du doigt
Selon les scientifiques, les résultats suggèrent un risque de cancer accru de 15% chez les personnes qui consomment le plus de produits contenant des monoglycérides et diglycérides d'acides gras (appelés E471 sur les emballages), utilisés comme agents d'enrobage ou gélifiants, par rapport aux personnes qui en consomment le moins. L'association est plus nette encore avec les cancers du sein (+24%) et de la prostate (+46%). En outre, les scientifiques ont relevé un risque de cancer du sein accru de 32% chez les femmes qui consomment le plus de carraghénanes (E407 et E407a).
Il s'agit de la "première étude observationnelle en la matière", précise l'Inserm dans un communiqué. Cela signifie que, pour l'heure, elle ne suffit pas pour établir des liens de causes à effets directs entre la consommation de ces émulsifiants et l'apparition de cancers.
Mais ces résultats "apportent de nouvelles connaissances clés" pour faire évoluer "la réglementation relative à l'utilisation des additifs dans l'industrie alimentaire, afin de mieux protéger les consommateurs", estiment Mathilde Touvier, directrice de recherche à l'Inserm, et Bernard Srour, professeur junior à I'Inrae, principaux auteurs de l'étude, cités par l'Inserm.
D'autres analyses scientifiques suggèrent un lien entre une consommation élevée d'aliments ultratransformés et un risque accru d'obésité, de maladies cardiovasculaires ou encore de troubles psychiques comme la dépression, ce que soulignait une étude d'une autre chercheuse de l'Inserm en juin. "Il vaut mieux s'en passer si on peut, et cuisiner maison. C'est toujours mieux pour la santé", conseillait ainsi Mathilde Touvier sur franceinfo au mois de septembre.
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