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Compléments alimentaires : les oméga-3 ne préviennent pas le déclin cognitif

Des études d'observation ont montré que les personnes qui consomment régulièrement des aliments riches en oméga-3 ont une meilleure santé cérébrale que celles qui n'en mangent pas. Mais consommer ces acides gras essentiels sous forme de compléments alimentaires ne semble pas montrer les mêmes bénéfices.
Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
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Depuis plus de 20 ans, les oméga-3 sont des "aliments santé" en odeur de sainteté. On ne présente plus ces fameux acides gras dits essentiels car indispensables à notre organisme qui ne peut les fabriquer lui-même, et qui doivent en conséquence être apportés par l’alimentation.

Il s’agit en fait de trois composés : l’acide alpha linolénique (ALA), d’origine végétale qui est précurseur de l’eicosapentaénoïque (EPA) et de l’acide docosahexaénoïque (DHA), les deux formes actives des oméga-3 fournies directement par les animaux marins. EPA et DHA jouent un rôle essentiel dans le développement et le fonctionnement du cerveau et contribuent à sa bonne irrigation sanguine.

L’engouement dont les ces acides gras essentiels font l’objet repose sur les bons résultats d’études de population qui dans les années 1970 et 1990 ont montré que les pays où le poisson, riche en 03, occupait une place de choix dans l'alimentation, comme le Groenland et le Japon, affichaient un taux de mortalité cardio-vasculaire et de dépressions graves plus bas que leurs voisins. D’autres études observationnelles ont depuis montré que les personnes consommant régulièrement du saumon, du thon ou du flétan, riches en omega-3, affichaient une meilleure santé au niveau des yeux, du coeur et du cerveau que celles qui n'en mangent pas. 

Des compléments alimentaires décevants

Mais consommer ces acides gras essentiels sous forme de compléments alimentaires n'offre pas les mêmes bénéfices. Ces dix dernières années, de nombreuses publications ont mis en cause l’intérêt des gélules et pilules “riches en oméga-3” qui n’ont pas apporté les résultats escomptés, notamment contre les maladies cardio-vasculaires (*).

Selon une étude publiée mardi 25 août dans le JAMA (Journal of the American Medical Association)**, les compléments alimentaires à base d'huile de poisson, riches en acides gras oméga 3, ne préviennent pas non plus le déclin de fonctions cognitives.

L'étude clinique, conduite auprès de 4.000 personnes âgées en moyenne de 72 ans, suivies pendant cinq ans grâce à des tests cognitifs, est "l'une des plus vaste et longue de son genre", précise l'Institut national de la Santé des Etats-Unis (NIH), qui l'a financée. Les participants ont été désignés au hasard pour recevoir soit un placebo soit des gélules contenant des acides gras oméga-3, plus spécifiquement de l'acide docosahexaénoïque (DHA) et de l'acide eicosapentaénoïque (EPA).

Effet nul contre le déclin cognitif

"Contrairement aux idées reçues, nous n'avons pas constaté que les compléments en oméga-3 apportent un quelconque avantage permettant d'arrêter le déclin cognitif", écrit l'auteur de l'étude, Emily Chew, directrice adjointe des services cliniques de l'Institut national d’ophtalmologie, qui dépend du NIH. "Les scores cognitifs de chacun des sous-groupes ont baissé d'une façon comparable sur la durée, ce qui indique qu'aucune combinaison de compléments nutritionnels n'a fait de différence", souligne l'étude. 

Quelque 47 millions de personnes sont atteintes de démence dans le monde, un nombre qui pourrait exploser jusqu'à plus de 131 millions en 2050 selon la fédération internationale Alzheimer's Disease International.

Des recommandations portant sur les aliments

En France, les recommandations du PNNS (Programme national nutrition et santé) et de la HAS (Haute autorité de santé) nous incitent à consommer 2,2 g d’ALA par jour et 500 mg d’EPA et DHA via l’alimentation. Dans ces apports, les poissons gras (saumon, sardine, foie de morue), les noix, et certaines huiles végétales (huile de lin ou de colza) occupent une place de choix. Des aliments qui nous apportent également des protéines, vitamines B, sélénium et iode indispensables au bon fonctionnement de notre activité mentale.

Enfin, privilégier un régime riche en poissons, au-delà de l’effet imputable oméga-3, contribue à diminuer la consommation de viande rouge et de matières grasses animales dont l’excès est soupçonné d’être néfaste pour les vaisseaux. Or l’altération des vaisseaux cérébraux est un facteur de risque reconnu du déclin des fonctions cognitives.

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* Association Between Omega-3 Fatty Acid Supplementation and Risk of Major Cardiovascular Disease Events: A Systematic Review and Meta-analysis, JAMA, september 12, 2012—Vol 308, No. 10.

** Etude de référence : Effect of Omega-3 Fatty Acids, Lutein/Zeaxanthin, or Other Nutrient Supplementation on Cognitive Function, JAMA. 2015;314(8):791-801. doi:10.1001/jama.2015.9677.

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