Contamination du thon au mercure : "Nous sommes face à un scandale de santé publique", estime l'ONG Foodwatch

"Les consommateurs ne peuvent rien faire face à cette contamination", car le "mercure est invisible", déplore mardi sur franceinfo Camille Dorioz, responsable de campagne chez Foodwatch. Les ONG Bloom et Foodwatch réclament des mesures d'urgence.
Article rédigé par franceinfo
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Une boîte de thon albacore, le 21 avril 2016. (JEAN-FRANCOIS FREY / MAXPPP)

"La contamination est environnementale, elle est donc globale dans tous les océans et dans tous les thons", explique mardi 29 octobre sur franceinfo Camille Dorioz, responsable de campagne chez Foodwatch. Les organisations non gouvernementales (ONG) Bloom et Foodwatch alertent sur les dangers pour la santé de la contamination généralisée au mercure relevée dans des boîtes de thon en Europe, annoncent les ONG dans un communiqué mardi 29 octobre. Les deux organisations demandent à la grande distribution et aux pouvoirs publics de prendre des mesures d'urgence. "Nous sommes face à un scandale de santé publique", affirme Camille Dorioz.

Des tests réalisés en laboratoire par Bloom ont révélé que l'intégralité des 148 boîtes de thon testées étaient contaminées par du mercure. Dans certaines d'entre elles, le taux de mercure était même quatre fois supérieur à la norme européenne. "Ces 148 boîtes testées mettent le doute sur l'ensemble du marché du thon", avance Camille Dorioz. 

Pour certains poissons, comme le lieu jaune ou le cabillaud, la teneur en mercure ne doit pas dépasser 0,3mg/kg. Or, pour le thon, la teneur en mercure est plus étendue : elle ne doit pas dépasser 1mg/kg de thon. Cette différence est très critiquée par les ONG. "La norme a été créée pour protéger le commerce et non pas la santé des consommateurs, dénonce-t-il. Ce métal est un puissant neurotoxique."

"De faibles doses consommées régulièrement suffisent pour entraîner de graves troubles du développement neuronal chez les enfants et attaquer le fonctionnement cérébral des adultes." 

Camille Dorioz, responsable de campagne chez Foodwatch

sur franceinfo

L'Anses rappelle ses recommandations aux femmes enceintes : éviter de consommer les poissons prédateurs dont on sait qu'ils sont les plus contaminés, le thon, mais aussi la raie, la dorade ou la lotte. Le responsable de campagne chez Foodwatch recommande aussi aux plus fragiles, notamment les femmes enceintes et jeunes enfants, "d'éviter globalement le thon et les poissons les plus contaminés". 

Les ONG réclament des "contrôles plus stricts"

"Pour le reste de la population, on attend de meilleures solutions avant de retourner consommer du thon", poursuit-il. Bloom et Foodwatch demandent donc aux pouvoirs publics d'imposer une limite de 0,3 mg de mercure/kg de thon, comme les autres poissons, d'interdire la commercialisation des produits à base de thon dépassant 0,3 mg/kg de mercure sur leur territoire et de bannir le thon des crèches, hôpitaux, maternités, maisons de retraite et cantines scolaires. Les deux ONG ont également lancé une pétition pour demander aux géants de la grande distribution de mettre en œuvre des "contrôles plus stricts", de cesser la promotion du thon et d'informer les consommateurs sur les risques sanitaires liés à la contamination des poissons au mercure. "Les consommateurs ne peuvent rien faire face à cette contamination", car le "mercure est invisible". Foodwatch ne recommande aucune "marque, espèce ou zone de pêche" selon Camille Dorioz.

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