"Du poison dans le poisson" : deux ONG alertent sur la contamination du thon au mercure en Europe

L'intégralité des 148 boîtes de thon testées a révélé la présence de mercure avec des taux jusqu'à quatre fois supérieurs aux normes européennes pour certaines.
Article rédigé par franceinfo
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La concentration de mercure la plus importante a été détectée dans une boîte de thon provenant d'une entreprise française Petit Navire et achetée en France. (ANTOINE BOUREAU / HANS LUCAS via AFP)

Les organisations non gouvernementales (ONG) Bloom et Foodwatch alertent sur les dangers pour la santé de la contamination généralisée au mercure relevée dans des boîtes de thon en Europe, annoncent les ONG dans un communiqué, mardi 29 octobre. L'association de défense de l'environnement Bloom affirme que pour plus d'une boîte sur deux, la teneur en mercure dépasse la limite maximale fixée pour d'autres espèces de poissons, soit 0,3 mg/kg. 

Le mercure est "l'une des dix substances les plus préoccupantes au monde, comme l'amiante ou l'arsenic" parce que son dérivé, le méthylmercure, est classé comme "cancérogène possible par le Centre international de recherche contre le cancer (CIRC)", expliquent les deux organisations qui demandent donc à la grande distribution et aux pouvoirs publics de prendre des mesures d'urgence.

Triste record pour une boîte Petit Navire

Des tests réalisés en laboratoire par Bloom ont révélé que l'intégralité des 148 boîtes de thon testées étaient contaminées par du mercure. Dans certaines d'entre elles, le taux de mercure était même quatre fois supérieur à la norme européenne. Les boîtes ont été achetées en France, en Allemagne, en Angleterre, en Espagne et en Italie. Dans plus de la moitié d'entre elles, la teneur en mercure était supérieure à celle autorisée pour les autres poissons. Pour certains poissons, comme le lieu jaune ou le cabillaud, la teneur en mercure ne doit pas dépasser 0,3mg/kg. Or, pour le thon, la teneur en mercure est plus étendue : elle ne doit pas dépasser 1mg/kg de thon. Cette différence est très critiquée par les ONG. "Ce métal est un puissant neurotoxique : de faibles doses consommées régulièrement suffisent pour entraîner de graves troubles du développement neuronal chez les enfants et attaquer le fonctionnement cérébral des adultes."

Si les boîtes mises en cause proviennent de différents pays d'Europe, la concentration de mercure la plus importante a été détectée dans une boîte de thon provenant d'une entreprise française Petit Navire, achetée en France (jusqu'à 3,9 mg de mercure/ kg de thon). Viennent ensuite des produits Carrefour, achetés en Espagne (jusqu'à 2,5 mg de mercure/kg de thon), puis des produits de la marque As do Mar, achetés en Italie (jusqu'à 1,5 mg de mercure/kg).

Bannir le thon des crèches, hôpitaux, maternités

Jeudi 24 octobre, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a également publié une alerte sur son site Internet. "A haute dose, le méthylmercure est toxique pour le système nerveux central de l’être humain, en particulier durant son développement in utero et au cours de la petite enfance." L'agence conseille de ne consommer du poisson que deux fois par semaine maximum en diversifiant les espèces consommées et en limitant les "prédateurs sauvages", tels que le thon. Or, selon les ONG, cela reste le poisson "le plus consommé" en Europe. L'Anses rappelle ses recommandations aux femmes enceintes : éviter de consommer les poissons prédateurs dont on sait qu'ils sont les plus contaminés, le thon, mais aussi la raie, la dorade ou la lotte.

Bloom et Foodwatch demandent donc aux pouvoirs publics d'imposer une limite de 0,3mg de mercure/kg de thon, comme les autres poissons, d'interdire la commercialisation des produits à base de thon dépassant 0,3mg/kg de mercure sur leur territoire et de bannir le thon des crèches, hôpitaux, maternités, maisons de retraite et cantines scolaires. Les deux ONG ont également lancé une pétition pour demander aux géants de la grande distribution de mettre en œuvre des "contrôles plus stricts", de cesser la promotion du thon et d'informer les consommateurs sur les risques sanitaires liés à la contamination des poissons au mercure.

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