Danone retire le Nutri-score de ses yaourts à boire : "Dès lors qu'on n'oblige pas les industriels, ils jouent avec la santé des consommateurs", regrette l'ONG Foodwatch
"Dès lors que l'on n'oblige pas les industriels, qu'on ne les contraint pas par le réglementaire, ils font un peu ce qu'ils veulent, ils jouent à 'pas vu, pas pris' et ils jouent avec la santé des consommatrices et des consommateurs", regrette sur franceinfo ce jeudi Audrey Morice, chargée de campagne de l'ONG Foodwatch, alors que Danone annonce retirer le Nutri-score de ses yaourts à boire. Ce label permet d'informer les consommateurs de l'impact sur la santé des produits consommés, mais l'entreprise française reproche le changement du mode de calcul et la dégradation de ses produits.
S'interroger si la démarche de Danone de demander un droit de regard sur le calcul du Nutri-score est légitime, "ça revient à se demander s'il est légitime de supprimer une information nutritionnelle". "Pour Foodwatch, la réponse est non : la santé ne doit pas passer après l'image de marque de Danone ou son désaccord méthodologique avec un algorithme qui a été révisé par des scientifiques", lance-t-elle. "Si un produit est trop gras, trop sucré ou trop salé, évidemment que c'est important que les consommateurs puissent le savoir et faire des choix pour leur santé", résume-t-elle.
Le problème est cependant plus large que la décision de Danone, pour la chargée de campagne chez Foodwatch, "c'est simple, ça fait dix ans depuis que le Nutri-score a été créé, et que l'industrie agroalimentaire s'y oppose". Elle cite notamment "des géants comme Lactalis, Unilever ou Mondelez qui refusent toujours systématiquement de le poser, ou Bjorg qui, en novembre dernier a remplacé le Nutri-score par le Planet-score, qui est un score environnemental, et donc c'est une autre question".
Un outil nutritionnel utile
"Tout ça dit une chose, c'est que dès lors qu'on n'oblige pas les industriels, qu'on ne les contraint pas par le réglementaire, ils font un peu ce qu'ils veulent, ils jouent à "pas vu, pas pris" et ils jouent avec la santé des consommatrices et des consommateurs". Elle dénonce notamment le lobbying européen de l'Italie, très hostile à la mise en place obligatoire de ce label "au nom du patrimoine et de la gastronomie italienne". Pourtant, "c'est un outil nutritionnel qui aide à faire des choix plus sains, plus simples dans les magasins vis-à-vis de toutes ces maladies chroniques et évitables liées à l'alimentation, c'est urgent de le rendre obligatoire", plaide-t-elle.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.