Des effets biologiques de l'additif E171 observés chez le rat
Au cours de trois séries d’expérience, des chercheurs ont comparés deux groupes de 10 à 12 rats, les premiers recevant sur plusieurs mois une alimentation classique, les seconds recevant en sus une solution liquide contenant des nanoparticules de dioxyde de titane (utilisés dans l’industrie comme additif alimentaire de blanchiment). Leurs résultats ont été publiés ce 20 janvier dans la revue Scientific Reports.
Premier constat : les souris du second groupe testé ont présenté "une baisse de l'activité du système immunitaire [de la paroi de leur intestin]", selon Eric Houdeau, biologiste, directeur de recherche en physiologie et toxicologie alimentaire à l'INRA de Toulouse, co-auteurs de l'étude.
Par ailleurs, un terrain micro-inflammatoire se serait développé sur la partie terminale de l'intestin (le colon), chez 4 des 10 rats étudiés exposés à l’additif, contre aucun dans le groupe témoin. Il s’agissait de lésions pré-néoplasiques dans le côlon – un stade non malin de la cancérogénèse.
Si, comme le souligne Fabrice Pierre, co-auteur de l’étude, "on ne peut pas conclure sur la base de cette étude quant au caractère cancérigène du E171" – chez le rat, et à plus forte raison chez l’homme, "les données cumulées sur les phases précoces de la pathologie vont [en revanche] justifier une étude supplémentaire de deux ans sur la carcinogénèse (l'origine du cancer), avec des lots de 50 rats mâles et 50 rats femelles", ainsi que le prévoient les standards internationaux de la recherche.
Réaction de trois ministères à la publication de ces travaux
"Au regard des conclusions de cette étude, les ministères chargés de l’Économie, de la Santé et de l'Agriculture ont décidé de saisir conjointement l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) afin de déterminer si l'additif alimentaire E171 présente un éventuel danger pour les consommateurs", précise les trois ministères dans un communiqué conjoint.
L'ANSES, qui mène depuis 2016 des travaux sur l'impact sanitaire potentiel des nanomatériaux présents dans l'alimentation, devrait rendre son avis à la fin mars sur le dioxyde de titane.
Une évaluation par l'agence du cancer de l’OMS (Circ/Iarc) a conduit à le classer comme "cancérogène possible" pour l'homme en cas d'exposition professionnelle par inhalation, rappelle l'INRA.
avec AFP
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