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Gaspillage alimentaire : "Chaque année, 30% de la production mondiale termine dans nos poubelles", se désole un député

"Il faut qu'on fasse davantage" sur le gaspillage alimentaire, a soutenu Guillaume Garot, député socialiste de Mayenne, ce samedi sur franceinfo. 

Article rédigé par franceinfo
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Guillaume Garot lors d'une session de question au gouvernement dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, 13 juillet 2021. (THOMAS PADILLAT / MAXPPP)

"Chaque année, 30% de la production alimentaire mondiale termine dans nos poubelles", a déclaré samedi 16 octobre sur franceinfo Guillaume Garot, député socialiste de Mayenne, ancien ministre délégué à l’Agroalimentaire, auteur d'une loi anti-gaspillage, qui interdit à la grande distribution de rendre les invendus impropres à la consommation, à l'occasion de la journée mondiale de l'alimentation. Le député demande une "meilleure information des consommateurs", alors que 10 millions de tonnes de nourriture sont gaspillées chaque année en France.

franceinfo : La France s'est engagée à réduire de moitié le gaspillage alimentaire d'ici 2025. Est-ce qu'on en prend le chemin ?

Guillaume Garot : Il faut qu'on fasse davantage. Il est vrai que nous sommes un pays pionnier en Europe puisque nous avions, en 2016, voté la première loi en Europe et sans doute dans le monde contre le gaspillage alimentaire. Il faut rappeler que le gaspillage alimentaire, c'est considérable à l'échelle de planète, c'est 30% de la production alimentaire qui est jetée ou gaspillée chaque année. À l'échelle de notre pays, c'est 10 millions de tonnes qui finissent à la poubelle. Ça équivaut à 16 milliards d'euros. Nous sommes évidemment, comme consommateurs, directement concernés. C'est là-dessus que nous devons porter aujourd'hui l'effort dans nos politiques publiques. Il faut mieux informer les consommateurs, faire qu'on sorte des confusions entre les dates limites de consommation et les dates de consommation optimale. Tout cela est un peu difficile à comprendre. Il faut vraiment un effort de clarification et un effort d'explication auprès des consommateurs que nous sommes. Pour les produits secs, les biscuits par exemple, vous pouvez toujours manger votre biscuit au-delà de la date indiquée sur le paquet. D'ailleurs, si vous regardez bien, c'est "à consommer de préférence avant". Il faut cet effort d'explication. Et puis, je crois surtout fondamentalement qu'il faut un effort sur l'éducation à l'alimentation. Ça veut dire qu'il faut donner à chaque enfant de France les repères, les savoirs, les connaissances sur l'alimentation pour avoir une consommation plus responsable. C'est indispensable que notre pays s'engage dans cette voie.

C'est l'un des points de votre proposition de loi qui n'avait pas été retenu, justement : l'éducation au sein des établissements scolaires.

Je milite pour ça depuis depuis longtemps maintenant. Nous attendons des actes et rien ne sort. Ce qu'il faut aussi contre le gaspillage alimentaire, c'est que nous soyons beaucoup plus volontaristes sur la mesure exacte du gaspillage parce que c'est très bien de se doter d'objectifs pour que nous puissions réduire notre gaspillage alimentaire à l'horizon 2020, 2025, 2030, de 50% par ce qu'il était en 2015. Encore faut-il savoir de quoi on parle. Il faut donc que l'on puisse mesurer exactement ce qui est gaspillé.

L'une des solutions est-elle de moins produire ?

Non, la solution n'est pas de moins produire, mais de mieux consommer. Je pense qu'il faut aujourd'hui continuer à produire, bien sûr, parce qu'on a besoin de manger. Quand je dis besoin de manger, on a besoin que tous puissent accéder à la nourriture et une nourriture de qualité. Lutter contre le gaspillage alimentaire, c'est bien pour la planète. Parce qu'aujourd'hui, le gaspillage, c'est l'équivalent d'un troisième pays après la Chine et les États-Unis, qui produirait des gaz à effet de serre. C'est 8 à 10% du total des émissions de gaz à effet de serre mondiales et c'est un enjeu de solidarité. Il y a la précarité alimentaire pour beaucoup d'entre nous et donc ce qu'il faut aujourd'hui, c'est agir pour que la nourriture et l'alimentation soient mieux distribuées, qu'on puisse garantir à chacun l'accès à cette alimentation de qualité.

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