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Le fromage est-il bon ou mauvais pour la santé ? Cinq experts répondent

La plupart des fromages contiennent du sel et des graisses saturées, mais sont aussi riches en protéines et en calcium. Bon ou mauvais pour la santé ?

Article rédigé par The Conversation - Alexandra Hansen et Lionel Cavicchioli
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9min
Un plateau de fromages. (DIANA MILLER / CULTURA CREATIVE / AFP)

Tout le monde ou presque aime manger un sandwich au fromage, ou déguster un morceau de Comté accompagné d’un verre de bon vin. Mais le fromage est-il compatible avec un régime sain, comme certains indices semblent le suggérer ?

La plupart des fromages contiennent du sel et des graisses saturées, mais sont aussi riches en protéines et en calcium. Alors, quel est le verdict ? Nous avons demandé à cinq experts si le fromage est mauvais pour notre santé. Cinq experts sur cinq affirment que non.

Clare Collins, nutritionniste

À part si vous souffrez d’intolérance au lactose ou d’allergie aux protéines de lait, manger du fromage n’est pas incompatible avec le fait d’être en bonne santé. C’est une façon plutôt savoureuse d’augmenter vos apports en protéines, en calcium et en vitamines B12.

En Australie, le gouvernement, via ses Directives diététiques, conseille d’ailleurs de consommer des produits laitiers deux à trois fois par jour (et même jusqu’à quatre fois par jour pour les femmes âgées de plus de 50 ans). Les portions recommandées sont d’environ 40 grammes (soit la taille d’une boîte d’allumette), et peuvent être constituées de produits allégés, afin de limiter l’apport calorique [en France, les recommandations sont un peu différentes, quoique globalement similaires].

Actuellement, l’impact de la consommation de fromage sur les risques cardio-vasculaires n’a pas encore été étudié de façon adéquate. Une revue de littérature datant de 2018 a toutefois identifié quatre publications scientifiques dont les auteurs se sont penchés sur la question. Leurs résultats indiquent que lorsque la consommation de fromage augmente, le risque de maladie cardio-vasculaire est moins important. Consommé régulièrement et avec modération, le fromage est donc compatible avec la bonne santé.

Evangeline Mantzioris, diététicienne

Les différents éléments nutritifs contenus dans le fromage doivent être pris en compte. La plupart d’entre eux − calcium, protéines et graisses saturées − sont également présents dans d’autres produits laitiers. Le calcium est important car il réduit le risque d’ostéoporose, tandis que les protéines sont requises pour la fabrication et la réparation des tissus. Ces deux éléments sont sources de bénéfices évidents pour notre santé. Les graisses saturées contenues dans le fromage sont, de leur côté, plus controversées, notamment par rapport à leur rôle potentiel dans le développement des maladies cardio-vasculaires. Néanmoins, le consensus qui se dégage des études menées à grande échelleest que le fromage est un aliment neutre - c’est-à-dire qu’il n’a ni effet positif, ni négatif.

Le fromage est également un aliment fermenté, qui contient donc des bactéries ou des levures, lesquelles contribuent à maintenir les microbiomes en bonne santé. Il faut toutefois se souvenir qu’une portion de fromage (40 g) représente environ 500 à 650 kJ (kilojoules). En conséquence, mieux vaut suivre les préconisations, soit trois portions de produits laitiers par jour, fromage inclus - si vous l’aimez. Et si vous essayez de perdre du poids ou avez déjà des problèmes cardio-vasculaires, consultez votre médecin.

Rebecca Reynolds, nutritionniste

Le fromage est un bon aliment. C’est, pour les omnivores comme pour les végétariens, une importante source de nutriments bénéfiques tels que le calcium. Un tiers des Australiens consomme du fromage principalement à pâte dure, comme le cheddar [l'Australie se situe loin derrière la France en kg de fromage par habitant et par an]. Les produits laitiers et leurs substituts (comme les fromages à base de soja) font partie des principaux groupes d’aliments recommandés dans les Directives diététiques australiennes, même s’il est conseillé, dès l’âge de deux ans et au-delà, de consommer de préférence des versions allégées en matière grasses (telles que le cheddar allégé - bien que, dans les faits, seuls 15 % du fromage consommé en Australie soit allégé).

Cette recommandation s’explique parce que les matières grasses sont riches en énergie (or un bon nombre d’entre nous est déjà en surpoids), et parce qu’une grande partie des graisses du fromage sont saturées : il s’agit donc de « mauvais » gras. Toutefois, certains indices suggèrent que les produits laitiers sont en fait soit neutres, soit bénéfiques à la santé cardiaque. Ce qui concerne aussi les produits non allégés.

Le fromage contient également beaucoup de protéines, dont notre corps a besoin. Parmi ses défauts figurent son importante teneur en sel, les risques d’intoxication alimentaires que certaines variétés font courir aux femmes enceintes, ainsi que les questions éthiques liées à sa production (bien-être des vaches et des veaux, émissions de gaz à effet de serre et juste rémunération des producteurs).

Regina Belski, diététicienne

Le fromage peut faire partie d’un régime alimentaire sain. Néanmoins, toutes les variétés ne se valent pas, et il n’est pas indispensable de dévorer un Brie entier en une seule fois. Selon les Directives diététiques australiennes, une portion correspond environ à 40 g de fromage à pâte dure comme le cheddar, et à environ 120 g de ricotta. La prochaine fois que vous serez au supermarché, prenez trois fromages différents, et lisez leurs étiquettes, afin de déterminer leurs ingrédients. Quelle quantité de sel, de graisses saturées et de calcium contient chacun d'entre eux ? Choisissez ensuite le meilleur des trois - celui qui contient le plus de calcium, le moins de sel, le moins de graisses saturées. Et appréciez-le, avec modération.

Yutang Wang, expert en biomédecine

Le fromage est l’un des plus anciens aliments consommés par l’Homme. Il fait partie de notre régime alimentaire depuis plusieurs milliers d’années. Il est riche en protéines et en graisses, lesquelles fournissent à notre corps des éléments de construction importants (les acides aminés et les acides gras). Le fromage contient aussi d’autres ingrédients essentiels, parmi lesquels des vitamines et des minéraux, nécessaires pour rester en bonne santé.

Jusqu’ici, aucune étude n’a établi de lien entre consommation de fromage et maladie cardio-vasculaire. Si l’on sait que les acides gras trans d’origine industrielle augmentent le risque de développer ces maladies, ce n’est pas le cas des acides gras trans naturels contenus dans le fromage. Bien que ce dernier contienne des graisses saturées, nous ne sommes actuellement pas certains que celles-ci bouchent les artères. Toutefois, même si le fromage en lui-même n’est pas mauvais pour nous, mieux vaut éviter d’en consommer lorsque l’on voyage dans des pays où la tuberculose est endémique et où la pasteurisation n’est pas assurée (comme au Nigéria par exemple).


Déclarations d’intérêt :
Rebecca Reynolds possède The Real Bok Choy, un service de conseil en nutrition et mode de vie
.The Conversation

Clare Collins est affiliée au Priority Research Centre for Physical Activity and Nutrition, Université de Newcastle, NSW. Elle bénéficie du soutien du National Health and Medical Research Council (NHMRC) et de la bourse de recherche Gladys M Brawn. Elle a reçu des bourses de recherche du NHMRC, ARC, Hunter Medical Research Institute, Meat and Livestock Australia, Diabetes Australia, Heart Foundation, Bill and Melinda Gates Foundation, nib foundation. Elle a été consultante pour SHINE Australia, Novo Nordisk, Quality Bakers and the Sax Institute. Elle a été membre d’une équipe en charge des revues de littérature destinées à mettre à jour les Directives diététiques australiennes et l’édition 2017 des profils diététiques pour la Heart Foundation (Fondation Nationale pour le Cœur australienne).

Alexandra Hansen, Health + Medicine Section Editor/Global Editor, The Conversation et Lionel Cavicchioli, Chef de rubrique Santé, The Conversation

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

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