Reportage Les ostréiculteurs du bassin d'Arcachon, soulagés par la fin de l'interdiction de la vente d'huîtres, pointent la gestion des eaux usées

La vente des huîtres d'Arcachon est à nouveau autorisée. Mais l’affaire n’est pas terminée : une enquête est ouverte après le dépôt de plusieurs plaintes qui mettent en cause les défaillances du réseau d'assainissement des eaux usées.
Article rédigé par Boris Hallier
Radio France
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Temps de lecture : 3min
Une ostréicultrice dans son parcau large du port de La Teste le 1er décembre 2020 dans le bassin d'Arcachon. Photo d'illustration. (PHILIPPE LOPEZ / AFP)

Les amateurs d'huîtres ont de quoi se réjouir, ils vont pouvoir à nouveau déguster celles d'Arcachon. Elles étaient soumises à une interdiction de vente depuis le 27 décembre après des cas d'intoxication alimentaire liée aux norovirus. Les derniers résultats d'analyse sont satisfaisants. L'interdiction de vente est donc levée vendredi 19 janvier.

Kris raffole des huîtres d'Arcachon mais elle, ne va pas pour autant se presser au marché. "Dans ma famille, il y a eu pas mal de personnes touchées, raconte-t-elle. Donc on va on va laisser passer un peu le temps. Je vais laisser un peu le bassin se nettoyer, les huîtres ainsi que le poisson. " Il est là, le vrai préjudice pour Thierry Lafon. Au milieu de ses casiers et de ses filets, l'ostréiculteur s'inquiète pour l'image de marque de ses huîtres. "Ce dont on parle le plus, c'est qu'on ne peut pas vendre et qu'il y a un préjudice financier, mais ça, c'est juste la conséquence la plus visible, souligne Thierry Lafon. Il y a quelque chose de beaucoup plus préjudiciable, c'est le ressenti que cela va générer aux consommateurs. Vu ce que l'on annonce comme risque en consommant des huîtres, forcément, c'est un vrai tue-l'amour."

Thierry Lafon, ostréiculteur du bassin d'Arcachon, président de l'ADEBA, l’association de défense des eaux du bassin d’Arcachon. (BORIS HALLIER / RADIO FRANCE)

Le réseau des eaux usées pointé du doigt

Pourtant il avait déjà lancé l'alerte. En février 2021, il y a eu un premier épisode de contamination au norovirus avec un scénario identique. "On est très clairement en face d'un problème de pollution des rejets d'eaux usées, c'est-à-dire des déjections humaines dans le milieu naturel, explique l'ostréiculteur. Les causes de ces rejets, c'est une saturation du réseau dû à un problème de gestion des eaux pluviales."

Il a donc porté plainte contre le Siba, le syndicat intercommunal qui gère le réseau des eaux usées et pluviales. Le réseau est sous-dimensionné, selon Jacques Storelli, président de la Coordination environnement du Bassin d'Arcachon. Pour lui, la contamination des huîtres est bien le symptôme d'une urbanisation galopante. "Il y a des travaux à engager, mais il y a un changement de paradigme à engager, c'est-à-dire prendre en compte la nature plutôt que de faire de la promotion touristique et du béton, affirme-t-il. L'environnemental doit définitivement passer avant l'économique."

"C'est un rappel que nous envoie la nature et qui nous dit une chose simple : 'Vous êtes allés trop loin ! Vous êtes trop nombreux ! Vous ne savez pas vous organiser' !"

Jacques Storelli, président de la Coordination environnement du Bassin d'Arcachon

à franceinfo

Jacques Storelli a lui aussi déposé plainte. Le parquet a donc ouvert une enquête pour, notamment, écocide, c'est-à-dire destruction délibéré d'un écosystème. Pas de commentaire de la part du Siba et de son président, le maire d'Arcachon. La préfecture a évalué à 36 millions d'euros les investissements nécessaires pour améliorer l'assainissement du bassin. L'État en apportera 2,6 millions d'euros, le reste devant être financé notamment par les mairies du bassin.  

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