: Vidéo Une voie vers Dieu devenue un outil marketing : la cuisine coréenne à la conquête du monde
Pour le bouddhisme, la deuxième religion en Corée du Sud, c'est une voie vers Dieu. Pour le gouvernement, un argument de poids dans une gigantesque campagne de promotion. "Complément d’enquête" est parti à Séoul, dans les coulisses d’une des plus belles opérations marketing de la planète bouffe.
La "cuisine du temple" est une alimentation millénaire qui nourrit les corps, mais aussi les âmes. Végétarienne, ce serait la plus saine du monde. "Elle respecte la vie et l'environnement, c'est donc la plus adaptée pour l'avenir de l'humanité", dit cette nonne bouddhiste venue en apprendre les bases dans un atelier de la capitale sud-coréenne. Au menu ce jour-là : tofu braisé au sarrasin et à la bardane.
Cette cuisine aux légumes de saison, sans gaspillage, était en train de s'étioler –jusqu'à ce que la Corée du Sud décide d'en faire un outil marketing. En témoigne une bande dessinée offerte aux touristes et traduite en six langues (dont le français). C'est l'histoire d'une jeune Coréenne qui part étudier la cuisine à Paris. Son professeur lui conseille de retourner aux sources, en Corée, pour apprendre la cuisine du temple... petit clin d'œil à la suprématie de la gastronomie française.
Cuisine bouddhique et "mandus" par millions
En vantant les préceptes de la cuisine bouddhique, les Coréens pensent détenir la réponse aux préoccupations de la société moderne. Elle serait la solution aux problèmes contemporains d'obésité, boulimie, suralimentation, malbouffe... La Corée traditionnelle, une carte postale idéale... au service de la politique industrielle. Car la Corée du Sud veut booster ses exportations.
Le géant de l'agroalimentaire CJ CheilJedang ambitionne de devenir le leader mondial des plats cuisinés surgelés. Il vient d'investir dans une machine ultraperformante. C'est la première à automatiser la fabrication des "mandus", ces raviolis coréens qui ont notamment conquis la capitale française. Objectif : en faire le ravioli le plus connu dans le monde à l'horizon 2023, devant le "dim sum" chinois et le "gyoza" japonais. "Ce que nous demandons au gouvernement, nous dit-on chez CJ CheilJedang, c'est qu'il fasse encore plus de promotion pour la gastronomie coréenne et les restaurants à l'étranger." Un pas de plus dans une stratégie de "soft power" élaborée pour l'imposer dans le monde entier.
Extrait de "Corée : la diplomatie du goût", un reportage à voir dans "Complément d'enquête" le 7 mars 2019.
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