Allergies aux pollens : "Il est important de consulter si on a des symptômes évoquant un asthme", conseille une allergologue
"Il est très important de consulter si on a des symptômes évoquant un asthme", conseille Sophie Silcret-Grieu, invité de franceinfo mercredi 22 février. Cette allergologue parisienne rappelle que la "désensibilisation", "seul traitement capable d'agir sur la maladie allergique elle-même", doit se faire "à distance de la saison pollinique". Les allergies au pollen commencent en France dès février. L'Organisation mondiale de la Santé indique qu'en 2050, 50 % de la population sera allergique.
franceinfo : Les allergies sont de retour dans vos cabinets ?
Sophie Silcret-Grieu : Les pollens sont de retour. Dans la région parisienne, on a plus affaire aux pollens de la famille du bouleau, en particulier l'aulne et le noisetier. Ils ont des pollens similaires que le bouleau qui provoquent les mêmes symptômes. On voit des gens qui commencent à être très gênés. D'autant qu'à l'apparition des pollens s’ajoutent un pic de pollution qui amplifie les réactions allergiques. Les symptômes classiques de l'allergie sont ceux qu'on appelle couramment le rhume des foins, c'est-à-dire des éternuements, le nez et la gorge qui grattent, le palais, les oreilles, les yeux qui démangent et qui coulent. Ça peut aller à une intensité telle, que les gens n'arrivent pas à dormir. Ils se sentent comme dans un état grippal et sont extrêmement fatigués. Ils ont du mal à travailler, à se concentrer. Si ces symptômes s'aggravent, on peut avoir d'authentiques crises d'asthme.
Que faut-il faire quand on est allergique aux pollens ?
Il y a deux types d'actions. Sur le moment, il faut prendre des traitements antihistaminiques. Certains maintenant ne font plus dormir du tout, ce qui est beaucoup plus confortable. Il y a aussi des traitements locaux sous forme de spray ou de gouttes à mettre dans les yeux et le nez. En cas d'asthme, il faut un traitement spécifique. C'est la raison pour laquelle il est très important de consulter si on a des symptômes évoquant un asthme, une toux, des sifflements, une gêne respiratoire. Les traitements antihistaminiques ne sont pas suffisants pour contrôler l'asthme. Il faut savoir que le seul traitement qui est capable d'agir sur la maladie allergique elle-même, c'est la désensibilisation. On doit le faire à distance de la saison pollinique. C'est à prévoir un peu plus tard. Mais c'est intéressant de prendre déjà contact avec un allergologue pour préparer ce traitement. Il n'y a pas de traitement efficace à 100 %, mais on a de très bons résultats dans 80 % des cas. La situation des patients s'améliore dans la mesure où on a fait un diagnostic correctement et que le traitement est effectué, selon un protocole correct. Les résultats sont bons avec des traitements qui sont quand même moins contraignants qu'ils ne l'étaient autrefois. Ils sont en général bien tolérés. Pour une allergie qui est vraiment gênante, ça vaut la peine.
L'arrivée des allergies dès le mois de février vous surprend ?
L'évolution climatique fait qu'on a des saisons polliniques un peu plus précoces, un peu plus denses, parfois plus prolongées. Mais le mois de février, c'est un mois classique pour la pollinisation de l'aulne et du noisetier. Dans le sud, c'est le pic de pollens de cyprès qui va durer jusqu'en avril. Cela n'a rien d’incroyable d'avoir des pollens. On en a d'autant plus que le temps est doux, beau et sec. De ce point de vue-là, la pluie qui est nécessaire pour d'autres raisons, va être aussi utile pour les allergiques. Elle permet de plaquer des pollens au sol et de cette façon, ils dérangent moins les allergiques. Ils pénètrent moins dans les voies respiratoires.
Combien de personnes sont allergiques en France ?
Cette proportion augmente incontestablement. En une trentaine d'années, on est passé de 5 % à près de 30 % de la population allergique. C'est énorme. On connaît tous des allergiques dans la famille si on ne l’est pas soi-même. Il y a incontestablement une augmentation spectaculaire du nombre d’allergiques. Vous savez que les extrapolations de l'OMS indiquent qu'en 2050, 50 % de la population sera allergique. Ce qui fait ressortir cruellement le manque d’allergologues par rapport à la population allergique. Ça explique le délai d'attente malheureusement trop long. Selon les cabinets, c'est entre deux et six mois.
Pourquoi certaines personnes sont allergiques et pas d'autres ?
C'est multifactoriel. Il y a plusieurs causes et il y a toujours la rencontre d'un terrain qui prédispose aux allergies. Ce terrain est souvent génétique. C'est pour ça qu'on a souvent des familles d'allergiques. Mais ça n'explique pas tout. Il y a aussi des facteurs environnementaux. Il n'est pas rare que des allergies qui étaient latentes se déclarent après un déménagement, après un changement d'environnement, après un accouchement, etc. Toutes ces modifications à la fois de l'environnement et du corps humain font que les manifestations vont se déclencher. On estime aussi que la moindre exposition aux affections dans la toute petite enfance favorise un comportement plutôt allergique du système immunitaire.
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