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Cancer de la prostate : le test de détection de l'Institut Curie devrait permettre de "réduire le nombre de biopsies inutiles"

Une équipe de recherche de l'Institut Curie travaille sur un test urinaire plus simple et plus rapide qui pourrait permettre à beaucoup d'hommes d'éviter des biopsies.

Article rédigé par franceinfo
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L'Institut Curie (illustration). (MARLENE AWAAD / MAXPPP)

Une équipe de chercheurs de l'Institut Curie vient d'obtenir un financement européen pour finir de mettre au point un test urinaire de détection du cancer de la prostate. "L'idée c'est notamment de réduire le nombre de biopsies inutiles", a déclaré, jeudi 1er août sur franceinfo, Antonin Morillon, directeur de recherches à l’Institut Curie. "La première originalité c'est d'aller chercher des biomarqueurs que personne n'avait vus jusqu'à présent", a-t-il ajouté.

franceinfo : C'est votre équipe qui vient de recevoir ce financement européen. En quoi ce nouveau test va-t-il vraiment changer la donne pour les patients ?

Antonin Morillon : Le principe, c'est d'aller chercher les urines des patients et d'aller détecter des nouveaux biomarqueurs spécifiques du cancer de la prostate et de proposer une réponse rapide au patient et au médecin pour orienter le patient vers une biopsie. Car aujourd'hui la biopsie reste le point crucial pour définir la présence d'un cancer ou pas. Néanmoins dans le cancer de la prostate, pratiquement un patient sur trois, voire un patient sur deux, envoyé en biopsie a un résultat négatif.

C'est une bonne nouvelle pour le patient, mais il aura traversé un certain nombre d'épreuves, notamment une hospitalisation, une biopsie douloureuse, des saignements possibles, et des effets secondaires.

Antonin Morillon

à franceinfo

L'idée c'est notamment de réduire le nombre de biopsies inutiles. Et pour le bien-être et le confort des patients, de proposer une solution en amont plus simple, non douloureuse et rapide. On ne peut pas trop s'avancer aujourd'hui sur la rapidité de ce genre de résultats. Mais ce sera beaucoup plus rapide qu'une biopsie, il y aura moins d'attente et un résultat qui permettra d'orienter plus facilement le médecin. Et ce n'est pas simplement en termes de diagnostic précoce. Le challenge c'est aussi d'aller voir des patients qui gardent une prostate cancéreuse mais qui n'est pas un cancer agressif ou dangereux, et pour ces patients faire vraiment un suivi pour rassurer et détecter rapidement si le cancer dégénère négativement.

Comment fonctionne ce test d'un point de vue technique ? Dans combien de temps sera-t-il prêt à être utilisé ?

La première originalité c'est d'aller chercher des biomarqueurs que personne n'avait vu jusqu'à présent. L'idée majeure, c'est d'aller chercher dans la partie cachée des génomes, qui représente quasiment 99% de notre génome. Et donc de multiplier ces biomarqueurs pour avoir une réponse qui soit beaucoup plus fiable et statistiquement sûre. Deuxièmement, en termes techniques, c'est de récupérer les urines des patients dans de bonnes conditions, d'en extraire le matériel génétique pour avoir une réponse rapide et quantitative. Aujourd'hui nous sommes dans les étapes précoces de la recherche. Il faut déjà faire une preuve de principe sur plusieurs centaines de patients, pour s'assurer que ça marche bien. Ensuite il faut faire une étude des coûts, pour s'assurer que le test ne soit pas excessivement cher et qu'il puisse intéresser les domaines de santé publique. Enfin, il faut avoir toutes les réglementations et certifications, qui sont absolument essentielles, pour pouvoir commercialiser et mettre en place le test à grande échelle. En termes de temps, c'est compliqué : il y a encore deux ans de recherche, et facilement deux, trois ans pour pouvoir faire derrière toutes les validations réglementaires. On est sur des échelles de temps qui sont de cinq à dix ans.

Peut-on imaginer à plus long terme une application pour des dépistages d'autres cancers ?

Effectivement, le principe d'aller chercher des biomarqueurs dans le génome non-codant est un principe qu'on peut étendre à d'autres cancers mais aussi à d'autres types de maladies. Et effectivement développer des outils diagnostic, pronostic, qui s'approchent un peu de la médecine personnalisée. C'est-à-dire de vraiment affiner les outils de détection et de pronostic de la maladie.

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