Cancer : le fer et le cuivre présents dans le corps "augmentent la taille de la tumeur", selon des chercheurs français
On ne le sait pas forcément, mais il y a toutes sortes de métaux dans le corps humain. Comme en premier lieu du fer, qui nous permet de respirer, du cuivre aussi. Il y a aussi "du nickel, du zinc, du magnésium, du calcium, détaille Raphaël Rodriguez, chercheur au CNRS et à l'Institut Curie à Paris. Ces oligoéléments au sens large du terme sont apportés par l'alimentation. Ce sont un peu les parents pauvres de la biologie parce que les métaux sont plus durs à étudier que les protéines ou les acides nucléiques. Un métal, c'est beaucoup plus petit qu'une molécule d'ADN ou qu'une protéine".
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Une équipe française de chercheurs a travaillé sur les métaux présents naturellement dans le corps humain et elle vient de mettre en évidence le rôle du cuivre et du fer dans le développement des tumeurs et des métastases. C’est une découverte majeure, à l'image des grandes avancées de la recherche qui seront présentées à partir du vendredi 2 juin, au Congrès annuel du cancer de Chicago, un congrès de référence.
Jusqu'à maintenant, le rôle que ces métaux jouent dans le cancer avait été peu étudié. Aujourd’hui, l’équipe du Dr Raphaël Rodriguez démontre que le fer, le cuivre et les réactions chimiques dans lesquelles ils sont impliqués ont un effet néfaste en cas de cancer. "Cela augmente la taille de la tumeur, la capacité des cellules à former des métastases. On a du mal à y croire nous-mêmes, c'est tout nouveau", admet-il.
Des molécules anti-métastatiques pour compenser les effets du fer ?
Cette avancée vient tout juste d'être publiée dans la prestigieuse revue scientifique américaine Nature. Maintenant que les chercheurs connaissent l'effet des métaux en cas de cancer, une question se pose : faut-il réduire les apports en cuivre et surtout en fer pour les malades atteints de cancer ? La réponse du Dr Raphaël Rodriguez : "Ne plus donner de fer, c'est compliqué parce qu'on en a besoin pour les fonctions vitales de l'organisme mais il y a une manière de le donner, en particulier chez les patients qui souffrent d'anémie. Et puis, il y a certaines molécules qui existent en clinique pour d'autres traitements, d'autres maladies comme la metformine qui est utilisée pour le diabète de type 2, qui peut avoir un effet anti-inflammatoire et un effet anti-métastatique".
Ces médicaments contre le diabète existent déjà, l’objectif, c'est d’en concevoir de nouveaux. Raphaël Rodriguez espère y arriver dans ses laboratoires à l’Institut anticancer Curie. "La spécificité de ce laboratoire, c'est d'avoir une infrastructure où on peut faire de la synthèse chimique, de la culture cellulaire, des expériences, et un laboratoire de biologie moléculaire qui permet de faire de la biologie cellulaire", décrit le chercheur. Après avoir analysé le rôle du cuivre et du fer sur les cancers, le champ des recherches reste vaste. Parmi les prochaines étapes, il y a l'analyse des effets du manganèse, du cobalt, du nickel ou encore du zinc.
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