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Cancer du col de l'utérus : des femmes privées de leur traitement

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Temps de lecture : 3min
Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
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Depuis février 2017, 400 femmes atteintes d'un cancer du col de l'utérus à un stade avancé ne peuvent plus bénéficier de leur traitement, l'Avastin®. En cause : une décision des autorités sanitaires de ne plus le faire rembourser directement aux hôpitaux qui le prescrivent.

En France, certains médicaments innovants et onéreux sont inscrits sur une "liste en sus", ce qui permet leur remboursement direct aux établissements de santé par l'Assurance maladie. C'était le cas pour l'Avastin®, lorsqu'il était prescrit à des femmes souffrant d'un cancer du col de l'utérus à un stade avancé ou en récidive. Mais le ministère de la Santé a décidé de le radier de cette liste pour cette indication en février dernier.

Or, certains hôpitaux refusent de financer ces traitements sur leur budget propre afin de ne pas mettre leurs comptes en péril. Résultat : des dizaines de patientes se retrouvent privées de leur traitement. "C'est intolérable et vraiment inquiétant pour toutes ces femmes qui ont un cancer du col persistant ou en récidive... ce qui est mon cas, si mon cancer récidive demain, je n’ai aucun moyen de me soigner puisque ce médicament a été retiré de la liste des médicaments remboursés par l'Assurance maladie", explique Eléonore Piot, de l'association Imagyn (Initiatives des malades atteintes de cancers gynécologiques).

Quatre mois de survie supplémentaire

En cas de rechute, le cancer du col de l'utérus est très agressif. Alors même si le progrès apporté par l'Avastin® est en moyenne limité à quatre mois de survie supplémentaire, cela peut tout changer. "Cela peut être 4, 5, 6 mois de survie mais ça peut être beaucoup plus. Et pendant ces mois de survie, on peut proposer à certaines patientes d'intégrer un nouveau protocole d'essai clinique parce que la médecine avance toujours et donc c'est une chance que l'on retire à ces femmes", affirme Eléonore Piot.

L'Avastin® est un médicament qui complète l'action de la chimiothérapie classique contre la prolifération des cellules cancéreuses. Il freine le développement des vaisseaux sanguins qui approvisionnent la tumeur. "C'est la seule avancée significative depuis vingt ans dans cette maladie particulièrement agressive lorsqu'elle est en rechute. Nous sommes inquiets car nous n'avons pas d'autre alternative que la chimiothérapie seule qui certes est active mais moins active que quand on l'utilise couplée avec ce médicament", explique Dr Patricia Pautier, oncologue à l'Institut Gustave Roussy (94). "Malgré cela, des experts estiment que le service médical rendu aux patientes n'est pas suffisant pour justifier un remboursement par les autorités de santé. On est un des seuls pays au monde à ne plus pouvoir prescrire ce médicament dans cette indication !", ajoute-t-elle.

Patricia Pautier a donc pris sa plume avec plusieurs collègues pour inciter les autorités sanitaires à revenir sur leur décision.

Une seule injection coûte 1.600 euros

En attendant une réponse du nouveau ministère de la Santé, l'accès à ce traitement pour un cancer du col de l'utérus en rechute dépend de la capacité des centres de soins à payer eux-mêmes ce traitement dont une seule injection coûte 1.600 euros. Les associations dénoncent une inégalité entre les patientes. "Dans certains établissements qui ont une très bonne santé financière, on ne se pose pas ce genre de questions, l'Avastin® peut toujours être prescrit tandis que dans d'autres, qui ont des difficultés financières et un impératif d'équilibre absolu, on ne pourra pas prescrire ce médicament. C'est une véritable inégalité territoriale !", indique Emmanuel Jammes, délégué à la Ligue contre le Cancer.

Un danger généré par les prix très élevés accordés aux derniers traitements innovants contre le cancer qui peuvent coûter plus de 100.000 euros par patient et par an.

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