Cancer du col de l'utérus : la prise en charge à 100% du dépistage est une mesure "incomplète"
Agnès Buzyn a annoncé une prise en charge à 100% du dépistage du cancer du col de l'utérus. "On a une arme beaucoup plus efficace qui est la vaccination", juge lundi sur franceinfo le syndicat national des gynécologues-obstétriciens de France.
La ministre de la Santé Agnès Buzyn a dévoilé lundi 26 mars le volet prévention de la stratégie santé du gouvernement. Parmi les mesures annoncées : la prise en charge à 100% du dépistage du cancer de l'utérus. Une bonne mesure mais qui "reste toutefois incomplète", a réagi sur franceinfo lundi 26 mars Bertrand de Rochambeau, co-président du syndicat national des gynécologues-obstétriciens de France. "On a une arme beaucoup plus efficace qui est la vaccination", a-t-il estimé.
Franceinfo : La prise en charge à 100% du dépistage est-elle une mesure que vous attendiez ?
Bertrand de Rochambeau : Bien sûr. Elle est tardive, mais elle arrive. Elle reste toutefois incomplète car dans ce cancer-là, le frottis est une chose, mais on a une arme beaucoup plus efficace qui est la vaccination. Or, aujourd'hui la vaccination n'est pas remboursée et n'est pas obligatoire. L'exemple de l'Australie, qui a rendu obligatoire la vaccination, est édifiant. Aujourd'hui, les autorités sanitaires voient chuter de manière très importante le nombre de cancers du col de l'utérus et prévoient même la disparition pour 2030 de ce cancer sur leur territoire.
Selon vous, quand la ministre affirme que la prise en charge à 100% du dépistage va éviter 3 000 cas de cancer du col de l'utérus et 1 000 morts par an, est-ce exagéré ?
Nous ne pouvons pas penser que le fait de prendre en charge à 100% ce dépistage va suffire en lui-même à faire disparaître l'ensemble de la mortalité par cancer du col de l'utérus. Il faut beaucoup plus. Il faut entre autres insister sur la vaccination et la rendre aussi attractive que possible, en assurant le financement à 100% et en ayant un discours actif auprès des jeunes adolescents, car c'est entre 12 et 14 ans qu'il faut vacciner les jeunes filles, mais aussi les garçons.
A partir de quel âge et avec quelle régularité faut-il se soumettre à un dépistage ?
Les choses sont maintenant claires et connues : à partir de 25 ans. Et le dépistage doit être triennal, tous les trois ans, tant que la patiente n'est pas infectée par le virus incriminé. Nous pouvons l'arrêter s'il n'y a pas eu d'infection au cours de cette surveillance à l'âge de 65 ans. L'intérêt du dépistage, c'est qu'il met en évidence, non pas le cancer mais des états précancéreux qui dans 30% des cas aboutissent au cancer. Il est donc très efficace.
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