Cancer du sein : la chimiothérapie serait inutile dans un tiers des cas, selon une étude
Soixante-dix pour cent des femmes atteintes de la forme la plus fréquente de cancer du sein peuvent se passer de chimiothérapie grâce à l’utilisation d’un test mesurant le risque de récidive, selon une étude présentée à la plus grande conférence sur le cancer.
C’est une tumeur de petite taille, de moins de 2 cm. Elle n’a pas envahi les ganglions lymphatiques et on constate qu’elle est hormonodépendante, c’est-à-dire sous l’influence des œstrogènes et parfois de la progestérone. Cette forme représente la moitié des cancers du sein diagnostiqués en France. Et très souvent, l’ablation de la tumeur est suivie de plusieurs cycles de chimiothérapie, avec tous les effets secondaires qui vont avec.
Les femmes concernées vont également prendre quotidiennement un comprimé d’hormonothérapie pendant cinq ans. Pourtant, on estime que 70% des femmes concernées par ce type pourraient se dispenser de cette chimiothérapie sans pour autant que ce leur soit préjudiciable, selon une étude présentée dimanche 3 juin à Chicago (Etats-Unis), à la conférence de la Société américaine d'oncologie clinique.
Une étude qui a duré neuf ans
Comment le sait-on ? Grâce à ce qu’on appelle une "signature génomique", un test combinant 21 gènes et qui permet d’établir un score de récidive. Ce test – Oncotype Dx – définit trois zones de 0 à 10, de 11 à 25 et de 26 à 100. Dans la première zone, on ne fait pas de chimiothérapie, dans la troisième on la fait sans discuter. Mais que faire pour un score intermédiaire ?
Une étude intitulée TAILORx, menée sur neuf ans auprès de 6 711 femmes, vient d'apporter des éléments de réponse solides. Les femmes ont été divisées en deux groupes, l’un recevant seulement l’hormonothérapie, le second recevant chimiothérapie et hormonothérapie. Et les chercheurs ont constaté que 83,3% des femmes sous hormonothérapie et 84,3% traitées classiquement n’avaient pas vu la maladie évoluer. Le nombre de femmes vivantes était par ailleurs le même dans les deux groupes : 89%.
Un test peu accessible en France
Les auteurs estiment donc que chez les femmes de plus de 50 ans dont le score de récidive est dans la zone 0-25, la chimiothérapie est inutile. Pour les femmes de moins de 50 ans, un score entre 0 et 15 rend aussi la chimiothérapie non utile. En revanche, pour les femmes de moins de 50 ans dont le score est entre 16 et 25, il faut recourir à la chimiothérapie. Au total, on estime donc que dans 70% de ces cancers du sein précoces, la chimiothérapie ne se justifie pas.
En France, ce test Oncotype Dx, qui vaut 3 000 euros, n’est pas aisément disponible. Non remboursé, il est pris en charge sur une enveloppe destiné à financer l’innovation. La grosse difficulté, c’est qu’on ne dispose pas d’une évaluation permettant de savoir à quelles femmes il serait destiné et bénéfique. Il est en effet inutile de le faire passer à toutes les femmes car on sait déjà, dans un certain nombre de cas, à qui on fera ou ne fera pas de chimiothérapie. Il existe trois autres tests de ce genre sur le marché. Mais les résultats de cette étude ne peuvent pas leur être transposés.
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