Cancer : une start-up française crée la première base mondiale de données issues des "miraculés", pour développer des médicaments
Alors que les oncologues venus du monde entier sont réunis depuis vendredi 31 mai au congrès de cancérologie de Chicago pour évoquer les traitements les plus innovants, en France, une start-up épaulée par le réseau Unicancer veut percer le secret des malades qui survivent à des cancers très agressifs alors qu'ils sont au stade terminal de la maladie. Cure51, cofondée par l’Institut Gustave-Roussy et le centre Léon-Bérard (avec également l'institut d'oncologie de Milan et l'hôpital de la Charité à Berlin) va récupérer toutes les données de ces "miraculés".
Quelle est la recette de ces survivants exceptionnels ? Ils sont quelques dizaines de milliers dans le monde à s'en sortir alors qu'ils sont atteints d'un cancer du pancréas, du poumon ou du cerveau parmi les plus agressifs et qu'ils sont en phase terminale. Pour le savoir, une start-up parisienne est en train de constituer la première base de données mondiale de ses miraculés. Cure51 va rassembler les dossiers de 1 300 survivants récoltés dans 45 pays. "On va avoir tout leur dossier médical, leur imagerie", explique Nicolas Wolikow, le PDG de Cure51 . "On va également récupérer toutes leurs analyses biologiques".
"Et on va aussi et surtout, c'est ça la grande nouveauté, rapatrier les tissus, les cellules, les tumeurs qu'on va séquencer."
Nicolas Wolikow, le PDG de Cure51à franceinfo
"On va faire du profilage moléculaire pour comprendre les mécanismes d'interactions entre ces cellules et leur environnement", développe Nicolas Wolikow.
Trouver le dénominateur commun
L'objectif est de fabriquer des médicaments pour tous ceux qui ne survivent pas à ces cancers très agressifs. "On sait que ces patients ont survécu, insiste Nicolas Wolikow. Donc on sait que forcément, ils ont en eux des mécanismes de défense biologiques très spécifiques. On va essayer de les identifier pour derrière, en faire des médicaments qui profitent à tous les patients".
"C'est comme un grand entonnoir : vous analysez ces 1 300 patients, vous identifiez les points communs et puis vous allez les tamiser pour essayer d'identifier le plus petit dénominateur commun qui va permettre de développer des médicaments."
Nicolas Wolikowà franceinfo
Pour y arriver, l'oncologue qui supervise le projet va en quelque sorte recopier les réponses des cellules de ces survivants exceptionnels. "Soit les patients, qui ont des survies très prolongées, activent des voies qui font qu'ils répondent beaucoup mieux aux traitements, par exemple, des voies en lien avec l'activation du système immunitaire, et dans ce cas-là, il faudra activer l'autoroute du système immunitaire, avance le docteur Olivia Le Saux du centre Léon Bérard à Lyon. "Ou alors, au contraire, les patients qui ont des réponses exceptionnelles n'active pas une voie particulière qui est impliquée dans la résistance au traitement et dans ce cas là, il faudra l'inhiber".
Pour traiter toutes ces informations, les chercheurs vont utiliser des technologies de pointe et l'intelligence artificielle, notamment pour comparer les données des survivants à celles de patients décédés, qui avaient pourtant bénéficié du même traitement dans le même hôpital et pour le même type de cancer.
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